Dans un contexte encore marqué par des tensions sur le marché de l’emploi, les salariés ont un rapport au travail qui s’améliore sur certains aspects. Ils semblent prêts aux transformations que traversent aujourd’hui les organisations, tout en exprimant de nouvelles attentes. Tels sont les principaux enseignements de l’étude Global Workforce Hopes and Fears 2024 de PwC qui analyse les attitudes et comportements de plus de 56 000 salariés issus de 50 pays et territoires, dont plus de 2 000 Français.
Des collaborateurs surchargés de travail
Au cours des 12 derniers mois, près des deux tiers des salariés dans le monde (62%) et 48% en France estiment avoir connu d’importants changements dans leur travail. L’augmentation de la charge de travail apparaît comme l’évolution principale : 45% des travailleurs en France et dans le monde déclarent avoir constaté une hausse significative de leur charge de travail, un constat encore plus marqué chez les membres de la Génération Z (55% en France). De plus, 40% dans le monde et 34% en France notent que leurs responsabilités quotidiennes ont changé de manière importante ou très importante.
Le changement est désormais perçu par les collaborateurs comme un continuum, plutôt qu’un événement exceptionnel. Ainsi, 76% d’entre eux (77% au niveau mondial) se disent prêts à s’adapter à de nouvelles méthodes de travail. Un taux très élevé qui impose aux dirigeants de les engager davantage afin de transformer cette envie en réalité.
Les collaborateurs français se sentent trop peu associés aux décisions qu’ils ne comprennent pas toujours. En effet, bien que 42% d’entre eux se déclarent prêts à connaître de nouveaux changements, 76% estiment que les transformations sont généralement mal expliquées. Cela met en lumière un enjeu majeur lié à la conduite des transformations et à la mise en place des dispositifs de « conduite du changement ».
« Les enjeux liés à la charge de travail concernent aujourd’hui toutes les organisations, en raison d’une intensification croissante de l’activité. Pour répondre à cette problématique majeure, plusieurs leviers doivent être activés, tels que l’organisation du travail, le management ou encore la simplification des processus. Clarifier les rôles de chacun, réimaginer les rituels de travail, renforcer les pratiques des managers, les positionner comme « manager-ressource » et les doter des outils nécessaires pour réguler la charge du travail font partie des mesures à mettre en œuvre » précise Bouchra Roby, associée Workforce et Transformation RH de PwC France et Maghreb.
De fortes attentes en matière d’équité des rémunérations
Malgré le rythme des changements, des signes d’optimisme et d’engagement au travail apparaissent. A l’échelle mondiale, 74% des collaborateurs se déclarent satisfaits de leur travail, en augmentation de 3 points par rapport à 2023 (71%). En France, 72% des salariés partagent ce sentiment, et seulement 5% se disent très insatisfaits, des chiffres stables par rapport à l’année précédente.
Cependant, la rémunération reste désalignée par rapport aux attentes des travailleurs, particulièrement en France. Parmi ceux qui considèrent la rémunération équitable comme importante, 36% estiment que leur salaire est inéquitable, contre 25% au niveau mondial.
En un an, la pression liée au coût de la vie s’est légèrement atténuée, tant en France qu’à l’échelle mondiale. 38% des salariés français affirment disposer de suffisamment d’argent à la fin du mois pour épargner et dépenser dans des loisirs, une augmentation de 4 points par rapport à 2023 (34%). Au niveau mondial, cette proportion atteint 45%, en hausse de 7 points (38%). Toutefois, 60% des collaborateurs français continuent de ressentir un stress financier, contre 52% dans le monde.
Les salariés français accusent un retard dans l’adoption de l’IA Générative
Face à une pression croissante au travail, les salariés se tournent vers les nouvelles technologies émergentes, telles que l’IA Générative, pour les aider. Les collaborateurs français se disent prêts à adopter cette technologie, convaincus de ses gains en termes d’efficacité. Ainsi, 74% d’entre eux (contre 82% à l’échelle mondiale) qui l’utilisent quotidiennement s’attendent à ce qu’elle rende leur travail plus efficace au cours des 12 prochains mois. Cependant, ils sont 52% (contre 37%) à n’avoir jamais utilisé l’IA dans le cadre professionnel, et seuls 6% l’utilisent quotidiennement, avec une proportion de 11% chez les membres de la Génération Z.
Par ailleurs, les Français se montrent moins optimistes quant aux bénéfices que l’IA Générative peut apporter à leur développement de carrière, ce qui pourrait freiner son adoption par rapport au reste du monde. En effet, 64% des utilisateurs (contre 76% au niveau mondial) s’attendent à ce que cette technologie entraîne des hausses de salaires, 60% (contre 72%) pensent qu’elle améliorera la qualité de leur travail et 59% (contre 73%) estiment qu’elle les aidera à être plus créatifs.
Le développement des compétences : un impératif pour attirer et fidéliser les talents
Les collaborateurs placent le développement de leurs compétences au cœur de leurs attentes. Ainsi, plus d’un quart d’entre eux dans le monde (28%) envisagent de quitter leur emploi au cours des 12 prochains mois, un pourcentage nettement supérieur à celui observé lors de la « Grande Démission » en 2022 (19%). Parmi eux, plus de deux tiers affirment que le développement de leurs compétences est un facteur clé dans leur décision de rester ou de changer d’employeur. En France, parmi les 20% de salariés (contre 22% en 2023) qui se disent prêts à changer d’emploi, 72% estiment que l’offre de formation proposée par leur entreprise est un facteur déterminant dans leur décision. Or, à peine 43% considèrent que leur employeur fait suffisamment d’efforts pour renforcer les compétences qui seront utiles demain à leur carrière.
L’impact de l’IA sur le développement des compétences suscite un intérêt croissant : 76% des utilisateurs dans le monde et 62% en France pensent qu’elle créera des opportunités pour acquérir de nouvelles compétences au travail. Les employeurs devront, en revanche, investir massivement dans l’accès à cette technologie et dans la formation. Parmi les salariés qui n’ont pas utilisé l’IA Générative au travail au cours des 12 derniers mois, un tiers à l’échelle mondiale (33%) estiment qu’elle n’est pas applicable à leur fonction, 24% n’y ont pas accès et 23% ne savent pas comment l’utiliser.
« La technologie transforme profondément la manière dont le travail est effectué et les compétences recherchées par les employeurs. En conséquence, les salariés accordent une importance croissante aux organisations qui investissent dans le développement de leurs compétences afin de rester performants et de continuer à progresser au sein d’un monde numérique. Les entreprises, quant à elles, doivent être proactives dans leurs programmes de développement des compétences, en priorisant l’expérience collaborateur et en faisant preuve de transparence. En effet, lorsque vous engagez votre main-d’œuvre de manière significative, elle devient un véritable moteur de transformation réussie » conclut Nicolas Bourgeois, associé Workforce chez PwC France et Maghreb.