Oubliez ce que vous pensiez savoir de la ruée vers l’or. Oubliez les légendes. Oubliez John Wayne. Avec ses Mémoires sauvées de l’eau, publiées aux éditions Gallimard, Nina Leger propose une lecture plus brute de ce mythe fondateur américain. Une lecture qui, au regard des catastrophe écologiques modernes, fait de cette fièvre de la cupidité, une sorte de faute originelle pour une Amérique en devenir.
L’histoire en quelques mots :
En 1848, on découvre de l’or dans la Feather River, en Californie du Nord. Une ville naît, baptisée Oroville ; la ruée vers l’or commence. En 2020, Thea, géologue venue à Oroville pour travailler en aval du gigantesque barrage désormais construit sur la Feather River, doit fuir devant l’avancée des méga-feux. Alors qu’un monde vacille, la violence de son histoire resurgit. Entourée de femmes aimées — une écrivaine de science-fiction, une descendante d’un peuple autochtone, une ingénieure coréenne —, Thea tente de remonter le fil des dévastations issues de la ruée vers l’or.
Une rivière comme personnage principal, une narration à plusieurs entrées, des allers-retours temporels constants… on ne peut pas dire que Nina Leger ait fait le choix de la facilité. Et pourtant, le roman se déploie sans heurt, ave fluidité à l’image de la rivière qu’il chante, belle et sinueuse, lente et tourmentée, abimée. Car c’est bien d’un désastre écologique et humain dont il est question dans ce roman, un massacre motivé par l’avidité, la soif de l’or. A coup de pioche, à grands renfort de dynamite, on détourne, construit, détruit, pour reconstruire. Un cycle infernal, dont la Californie moderne peine à s’extraire.
Ses Mémoires sauvées de l’eau ont valu à Nina Leger le Prix du roman historique 2024, une récompense méritée pour un roman tout simplement réussi.