C’est un lieu un peu à part, où se mêlent des entrepreneurs en quête de projets. Avec sa Fabrique, le Crédit Agricole s’est offert un espace d’expérimentation hybride, dédié à l’innovation dans le domaine bancaire. Le but ? Développer en un temps très court des solutions opérationnelles pour construire, touche après touche, la banque de demain. Entretien avec Laurent Darmon, le CEO.
En quelques mots, comment décrivez-vous La Fabrique by CA ?
Nous sommes un « startup studio », affilié au groupe Crédit Agricole. Notre raison d’être est simple : créer des startups pour répondre à des nouveaux besoins, des nouveaux usages, le tout en cohérence avec la stratégie du groupe Crédit Agricole et au service de ses clients. Avec l’apparition de nouvelles pratiques, de nouvelles formes de consommation, nos métiers évoluent, la banque doit s’interroger sur les nouvelles chaînes de valeur qui structurent l’économie. C’est là que nous intervenons.
Quelles sont vos relations avec le groupe Crédit Agricole et comment s’inscrit la Fabrique dans cet univers ?
Le Crédit Agricole porte une forte culture entrepreneuriale, fondée sur un sens de la proximité et sur la relation client. Nous apportons aux métiers du groupe des solutions déployables rapidement, avec beaucoup d’agilité. Soit nous co-construisons les solutions avec les métiers en mutualisant nos atouts, soit nous portons seuls les projets.
Quels types de projets avez-vous menés ?
On peut en citer deux. Le premier c’est le lancement de Blank, une néobanque, dédiée aux professionnels. L’idée de départ est assez simple, répondre aux nouveaux usages de nos clients en leur permettant de gérer, à travers une même plateforme un ensemble de tâche autrefois isolées (compte, facturation, paiement, déclaration Urssaf…). Nous procédons ainsi à une extension du territoire bancaire classique. Le second projet c’est Sline, une solution SaaS agrégeant tous les services nécessaires au lancement d’une offre de location incluant notamment les sujets de financement et d’assurance.
Concrètement comment fonctionne un projet de La Fabrique ?
Dans le cadre de Sline, nous avons lancé le projet en juillet dernier, et signé le premier client en mars. Pour avoir ce type de réussite, nous sommes très attentifs aux projets choisis. Parmi les filtres, il faut que le projet soit compatible avec la stratégie du groupe, que le marché soit assez large, que l’ambition soit compatible avec nos moyens.
En tant que startup studio, nous misons sur trois types de compétences. Des profils seniors, avec un niveau comité de direction et une capacité à accompagner des projets digitaux en lien avec l’univers bancaire. Des compétences dédiées, avec des entrepreneurs et CTO à résidence, qui travaillent à 100% sur un projet et qui constituent le premier cercle de la startup créée. Et enfin des experts sur des compétences supports transverses (comptabilité, juridique…).
Parler d’innovation et de banque, c’est forcément imaginer la banque de demain. A quoi peut-on s’attendre ?
Deux modèles bancaires vont coexister. D’un côté la banque que l’on connait aujourd’hui qui doit poursuivre sa modernisation et réussir à rehausser le digital par la relation humaine. De l’autre, des services financiers qui se consomment dans des écosystèmes tiers, dans des moments de vies particuliers. A titre d’exemple, on peut ainsi penser que, fort de son statut de tiers de confiance, la banque et l’assurance prendront une part nouvelle dans les enjeux de la transition énergétique et du « bien vieillir ».
L’innovation n’est pas un monde fini, cela implique pour les organisations de gagner en agilité, d’être en permanence à l’écoute de leurs clients. Cela passera évidemment aussi par leur capacité à attirer les bons talents. Au sein de la Fabrique, nous avons cette possibilité de faire venir des profils hybrides, à la fois entrepreneurs dans une logique d’obligation de résultat pour innover et attirés par la puissance d’une banque qui apporte un cadre et des moyens pour accélérer.