La tech russe groggy depuis le début de la guerre en Ukraine

La tech russe groggy depuis le début de la guerre en Ukraine

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La tech russe éclaboussée par la pluie de sanctions internationales contre Moscou. A l’instar du reste du pays, l’écosystème numérique russe se retrouve privé d’accès aux marchés européens et américains. Sans matières premières et sans investissements internationaux, certains fleurons innovants risquent de faner. En revanche, d’autres sociétés qui se destinaient d’abord à répondre aux besoins locaux « pourraient mieux encaisser le choc », d’après Marie-Gabrielle Bertran, doctorante spécialiste du développement logiciel en Russie.

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La guerre a stoppé l’élan de la tech russe. En effet, « depuis 2010 une série de réformes avait permis au secteur de se développer » explique Marie-Gabrielle Bertran. La doctorante, spécialiste du développement logiciel en Russie remarque que « Moscou a développé depuis de nombreuses années, plusieurs alternatives pour se substituer aux innovations issues des firmes occidentales ». Ainsi, des outils numériques russes peuvent aujourd’hui remplacer ceux proposés par les grandes entreprises américaines de la tech.

La tech russe en ligne de mire des sanctions occidentales

Néanmoins les sanctions de l’Union Européenne et des Etats-Unis impactent en profondeur l’économie des entreprises russes. En effet, la plupart des services informatiques occidentaux ne sont dorénavant plus disponibles en Russie. Des retraits qui déstabilisent les entreprises, particulièrement « dans le domaine du cloud », précise Marie-Gabrielle Bertran. « Ce secteur repose en bonne partie sur des infrastructures basées en dehors de Russie », explique la doctorante. Le média russe Kommersant s’est d’ailleurs fait l’écho d’inquiétudes du Kremlin sur la forte demande en serveurs.

En plus des sociétés, les dirigeants de la tech russe subissent également les sanctions. Le patron arménien de Yandex, un des fleurons du numérique, surnommé le « Google russe », a notamment démissionné, après avoir été ajouté à la liste noire des personnes dont les avoirs dans l’UE seront saisis. Et même si le groupe semble relativement protégé par le positionnement de ses activités dans l’espace russophone, des inquiétudes sur un possible défaut de paiement se font sentir. Son homologue VK, l’équivalent de Facebook en Russie, a également signalé un manque de liquidités à cause du conflit.

« Manque de confiance à l’égard des entreprises russes »

Au-delà des sanctions, les firmes de la tech russe sont désormais confrontées à un problème d’image confirme Marie-Gabrielle Bertran. Une à une, les autorités des Etats de l’UE, spécialisées en cybersécurité, ont notamment alerté sur de potentiels risques liés à l’antivirus Kaspersky. « Une décision politique », a immédiatement regretté la firme russe, qui avait pourtant appelé à l’ouverture de négociations pour arrêter la guerre en Ukraine. L’invasion militaire perpétrer par Moscou a donc ouvert « une nouvelle crise de confiance à l’égard de Kaspersky », alors même que la question de la fiabilité est cruciale pour une entreprise de cybersécurité, observe Marie-Gabrielle Bertran. Un coup dur pour le fabricant d’antivirus qui réalise en dehors de Russie 80% de son chiffre d’affaires.

Fuite des cerveaux de la tech russe

Cependant, le phénomène le plus inquiétant pour les entreprises de la tech russe demeure la fuite des cerveaux. Depuis le déclenchement des sanctions internationales, de nombreux développeurs russes appellent à quitter le pays sur les réseaux sociaux. Un exil qui avait entamé son développement après la guerre en Crimée en 2014. Le problème est même plus large pour l’économie russe qui manque déjà de 500.000 à environ un million d’informaticiens. Enfin, plusieurs employés de la tech russe, particulièrement ceux qui travaillent pour le moteur de recherche Yandex, fustigent la censure du pouvoir face à l’invasion de l’Ukraine.

Autant de raisons qui expliquent la délocalisations des géants des outils technologiques ou numériques russophones. La crise actuelle a justement poussé certaines de plus grandes sociétés du pays a quitté le territoire. La messagerie Telegram ou le réseau social VK ont finalement décidé d’installer leurs locaux à Dubaï, hors de portée du pouvoir russe. Toutefois cette démarche est loin d’être à la portée de toutes les entreprises russes. En septembre dernier, le patron du fleuron Groupe-IB a été arrêté dans des circonstances floues pour « haute trahison ».

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