Depuis 2015, ekWateur cherche à révolutionner le marché de l’énergie. À l’heure de la COP26, et alors que la problématique de la transition énergétique est omniprésente, le fournisseur d’énergie verte indépendant se positionne comme précurseur dans le domaine. C’est ainsi qu’ekWateur a rejoint le club prisé de la French Tech 120. Entretien avec Julien Tchernia, co-fondateur de l’entreprise.
D’où vient ekWateur ?
ekWateur est né grâce à plusieurs facteurs importants : tout d’abord l’envie d’entreprendre. J’ai toujours eu envie de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale, désir qui s’est renforcé grâce à l’une de mes précédentes aventures salariales. J’avais été recruté comme business manager et ce métier, pour moi, est une allégorie de l’entrepreneuriat : nous sommes seul face à notre projet et nous ne partons de rien. Cette expérience a été très enrichissante, et m’a donné assez de confiance en moi pour me dire « je suis capable de monter mon entreprise ». En parallèle, je portais une attention toute particulière aux problématiques écologiques et je voyais que notre planète se dégradait à vue d’œil.
C’est à ce moment que j’ai compris que si je devais créer une entreprise, je me devais de le faire dans un domaine qui me tiens à cœur.
J’ai donc choisi de me tourner vers le secteur énergétique. J’ai quitté mon travail puis je suis retourné en master pour rattraper mon retard de connaissance sur le métier dans l’optique de lancer mon entreprise en toute sérénité.
Je suis sorti de cette formation en octobre 2008, en plein crash financier. Il était alors difficile de trouver toutes les ressources nécessaires afin de lancer cette start-up. Cela a donc chamboulé tous mes plans : j’ai monté une entreprise avec un ami qui n’a pas fonctionné, et j’ai finis par retrouver du travail dans une entreprise dans les télécoms, tout en gardant à l’esprit cet envie d’entreprendre dans les énergies renouvelables.
À ce moment-là, des anciens collègues belges me contactent et m’annoncent qu’il existe un fournisseur d’énergie renouvelable en Belgique qui propose de l’électricité verte et du gaz naturel qui venait d’ouvrir une filiale en France. Cependant, cette dernière ne fonctionnait pas comme elle le devait, et c’est comme cela que l’on m’a proposé de reprendre la main sur le projet. J’ai accepté et j’ai été nommé directeur de cette filiale. C’est ainsi que j’ai rencontré Jonathan Martelli, qui deviendra mon associé par la suite dans l’aventure ekWateur. À nous deux nous avons redressé la filiale France : nous sommes passés de 5 000 clients à 150 000 en 2 ans et demi.
Je gardais toujours dans un coin de ma tête cette volonté de créer mon entreprise.
Après de nombreuses réussites à la tête de cette société, nos actionnaires commençaient à refuser nos demandes sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Nous avons appris par la suite qu’ils étaient en train de vendre l’entreprise et c’est là que nous avons décidé de quitter cette dernière avec Jonathan pour nous lancer dans notre propre projet.
En novembre 2015, nous déposions les statuts pour ekWateur et en septembre 2016 l’entreprise a commencé à vendre ses prestations. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires tourne autour de 200 millions d’euros, et c’est à moment-là que la French Tech s’est tournée vers nous en nous indiquant que nous étions désormais éligibles.
Choisir la voie de l’entrepreneuriat était donc quelque chose d’inné pour vous ?
En effet, c’était mon objectif de vie. J’avais une idée, une vision que je partage désormais avec mon associé, et ensemble nous voulions la concrétiser. Cependant, Il n’est pas toujours simple d’imposer ses idées face aux actionnaires d’une entreprise… Nous avons donc préféré partir pour nous lancer ensemble dans l’aventure et aller au bout de cette vision partagée.
Cette envie d’aller au bout de nos idées nous pousse à prendre nos responsabilités au quotidien et c’est quelque chose qui nous challenge. Loin de là l’idée de penser à notre sortie, comme peuvent le faire de nombreux entrepreneurs qui après avoir lancer leur start-up font le choix de la revendre. Nous profitons seulement du plaisir de faire notre job et de développer cette start-up à l’image de ce que l’on voulait.
Que vous a apporté la French Tech ?
Pour être honnête, je ne suis pas dithyrambique sur la French Tech. Nous sommes très contents d’y être car c’est un très beau label. Mais cela ne nous a rien apporté pour l’instant. Par exemple, nous avons eu besoin d’aide au moment de la crise sanitaire, ils ont été à l’écoute mais ne nous ont rien apporté de plus que ce que nous savions déjà. Nous sommes donc heureux d’en faire partie mais je pense que nous n’avons pas trouvé les clés pour nous en servir convenablement au-delà de la fierté que cela nous procure. En d’autres termes, nous vivons avec la French Tech sans nous appuyer dessus.
Et pour la suite, envisagez-vous l’internationalisation ?
Bien évidemment, on y songe, mais pas tout de suite. D’une part parce qu’actuellement le marché de l’énergie retarde tous les plans, mais aussi parce que dans notre secteur beaucoup ont essayé de s’internationaliser et aucun n’a vraiment réussi. L’Italie a essayé en France ça n‘a pas fonctionné, de même pour l’Angleterre alors il faut prendre ses précautions. Nous avons une idée de projet, mais il faut qu’elle soit solide avant de nous lancer, soit d’ici un an ou deux, avant cela nous semble un peu prématuré. Affaire à suivre !