De plus en plus soumis aux aléas climatiques, les vignerons doivent faire face à des récoltes toujours plus basses. Dans ce contexte, l’année 2021 remporte la mise avec l’une des vendanges les plus minces depuis de nombreuses années.
Les mauvaises années se suivent et se ressemblent dans le secteur viticole. Après les gelées printanières, les pluies estivales, les orages de grêle et un mildiou agressif, la récolte 2021 promet d’être l’une des plus décevante depuis 2017. Parmi les pays les plus touchés par cette baisse on retrouve l’Italie, l’Espagne et la France qui ont perdu ensemble près de 22 millions d’hectolitres par rapport à 2020.
« Le volume attendu cette année semble avoir baissé de 4% par rapport à 2020 (qui était déjà inférieur à la moyenne) et il est inférieur de 7% à sa moyenne sur 20 ans », confirme l’Organisation internationale du vin (OIV) dans ses premières estimations.
L’hémisphère sud épargné
En Europe, seuls l’Allemagne, le Portugal, la Roumanie et la Hongrie enregistrent des récoltent dans la moyenne. Aux États-Unis, la production devrait aussi être en hausse cette année, tout comme dans l’hémisphère sud (Australie, Nouvelle Zélande, Amérique du Sud, Afrique du Sud) où les conditions climatiques ont été beaucoup plus favorables.
Le problème pour les viticulteurs, c’est que cette année morose et peu fertile arrive dans un contexte déjà compliqué. « Les vignerons essaient de faire face tant bien que mal dans un contexte sanitaire que l’on connait et une conjoncture économique défavorable », déplore Florence Corre, directrice du développement et de la communication chez Vignerons Indépendants de France. « Les vignerons indépendants doivent engager des investissements lourds avec notamment la mise en bouteille, qui est une de leur spécificité », poursuit-elle.
L’Etat à la rescousse
Seul espoir pour les vignerons : les aides de l’État. Celles-ci ont d’abord concerné le gel du printemps avec une enveloppe de 20 millions d’euros dont la distribution a été confiée aux préfets. Dans un deuxième temps, ces aides ont concerné les charges sociales et fiscales en mettant en place une « année blanche ».
« Comme tous les agriculteurs, les vignerons ont tendance à être très résilients, tempère Florence Corre. Il faudra attendre la vendange de 2022 pour voir si la reprise est là, mais les vignes ont tellement été abimées qu’elles risquent de donner moins l’année prochaine, c’est ma crainte. »
Ce genre de situation devrait passer du statut d’exceptionnel à celui de traditionnel dans les décennies à venir. Comme le rappelle le rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) paru en août 2021, le climat est train de changer partout dans le monde et plus fréquemment que prévu. Même en limitant au maximum le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles devraient inéluctablement se multiplier.