Il y a des morts qui vous marquent plus que d’autres. C’est comme ça. Pour peu que l’on s’intéresse à la musique des 60 dernières années (déjà), la disparition de Charlie Watts ne peut laisser indifférente.
Il suffit de regarder les dates de naissance des idoles des années 60 pour comprendre que le mouvement, déjà bien engagé, des disparitions tend inexorablement à se poursuivre. Avec Charlie Watts, c’est donc la fin des Rolling Stones (les puristes pourront toujours ergoter sur la disparition/départ de Brian Jones et Bill Wyman), et avec la fin des Rolling Stones c’est tout un pan de la culture occidentale qui s’en va. On aurait souhaité au groupe une autre fin, sur scène, dans une forme de concert d’adieu. Pandémie et maladie obligent, il n’en sera rien. Tant pis ou tant mieux.
L’âge d’or c’était toujours avant. Il n’empêche que, en pleine crise de Covid-19, le souffle libertaire de l’Angleterre du début des années 60 inspire pour ceux qui l’ont connu une forme de nostalgie, pour les autres une envie un peu folle. Il y a derrière cette époque une forme de mythologie, avec comme point culminant le festival de Woodstock (dont les Stones étaient absents), et il est certain qu’à l’heure où un pass sanitaire est nécessaire pour assister à un concert, où une bouteille d’eau doit être débouchonnée à l’entrée d’un festival, les scènes filmées, vues et revues de Woodstock fascinent tant elles relèvent d’un autre temps.
Charlie Watts n’est plus. La musique perd donc un des plus grands batteurs de son histoire, et la société une nouvelle part d’une jeunesse oubliée ou d’illusions perdues.