Le coup de force du président tunisien Kaïs Saïed, le 25 juillet, n’a pas entrainé de purges. En revanche, des interdictions de quitter le territoire frappent les chefs d’entreprise. Un dérapage de la politique anti-corruption prônée par le gouvernement.
Voilà une conséquence de l’Etat d’exception instauré en Tunisie. Après le gel des activités du Parlement, le limogeage du Premier ministre et la levée de l’immunité parlementaire certains politologues craignaient des arrestations d’opposants. Notamment ceux du parti islamiste Ennahda, principal adversaire du président Kaïs Saïed. Pourtant jusqu’à présent peu de purges ont été constatées. Cependant de nombreuses personnes sont interdites de quitter le territoire. En cause la mention « fonctionnaire » ou « entrepreneur » sur leur carte d’identité. Un état de fait qu’aucune circulaire, loi ou décret n’a officialisé.
Si la situation fait réagir sur les réseaux sociaux, la principale organisation patronale du pays, l’UTICA, ne s’est toujours pas exprimée. Seul le second syndicat de patrons tunisien a appelé le gouvernement à un retour à la normale. Les professionnels craignent notamment que le contexte politique effraie les investisseurs et les partenaires. D’autant que la circulation de listes informelles de noms soupçonnés de corruption ou de liens avec les partis islamistes laisse planer un risque de vindicte. Un phénomène qui pourrait mettre en danger plusieurs chefs d’entreprise accusés à tord et bloqués en Tunisie.
Toutefois le calme ne semble pas prêt de revenir. En effet, le 25 août marquera la date butoir fixée par Kaïs Saïed pour restituer les pouvoirs législatifs. Pour l’heure seule une prolongation de cet état d’exception semble envisageable. Sachant qu’aucun discours du président n’a été suivis d’actions concrètes. Si 94% du peuple tunisien soutien le coup de force de chef de l’Etat, la liberté des entrepreneurs n’a jamais été autant menacée.