Lire ou ne pas lire, telle est la question. La fermeture des petits commerces, et notamment des libraires, a mis le feu aux poudres en France, poussant le gouvernement à faire fermer les rayons culture des grandes surfaces. Le livre est alors devenu le symbole de notre liberté envolée. Bras de fer.
Fermeture des commerces « non-essentiels ». Si cette mesure était passée de façon plutôt aisée en mars dernier face au choc de l’ampleur de l’épidémie de coronavirus, cette fois-ci, c’est différent. Sept mois après la première vague, les Français sont blasés et surtout déçus du manque de préparation d’une administration qui avait pourtant juré que tout était sous contrôle pour la rentrée.
La fermeture des commerçants qui ne proposent pas de nourriture, seule denrée jugée comme essentielle, a donc fait un tôlé. Les produits alimentaires sont-ils les seuls à pouvoir nourrir un être ? Qu’en est-il des livres, de la musique ? La décision de fermer les rayons culturels dans les grandes surfaces n’a fait qu’empirer le sentiment d’incompréhension et de punition qui domine depuis cette annonce.
Double punition
Une incompréhension partagée et exprimée par Emmanuel Carrère, auteur à succès (Limonov, Yoga) sur l’antenne de France Inter ce lundi 2 novembre. « C’est terrible cette question des commerces essentiels, estime-t-il, et d’une façon générale de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas. Il y a un truc très angoissant dans cette catégorisation de l’essentiel », déroule l’écrivain.
Face à cette situation qui envenime et complique la mise en place du confinement, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot tente de colmater la brèche. « J’ai obtenu que les tarifs postaux des libraires soient considérablement diminués, détaille la ministre sur LCI. Nous allons [les] diviser au moins par trois ou quatre », explique-t-elle.
Amazon : l’ennemi visible
Cette mesure affiche un objectif clair : détourner les Français d’Amazon, le géant américain qui va se faire une fortune de cette situation désastreuse pour les petits commerçants. « N’achetez pas des livres sur les plateformes numériques », insiste Roselyne Bachelot qui confirme : « Oui, Amazon se gave, à nous de ne pas les gaver ».
Dans la même veine, la vice-présidente du Medef Dominique Carlac’h a annoncé qu’elle allait proposer au gouvernement, dans les 15 jours qui viennent, des solutions pour « combiner la poursuite de l’activité économique avec la pandémie ». Affaire à suivre.