Et si l’on avait eu faux sur toute la ligne, et si nos manuels scolaires nous avaient, à notre corps défendant, guidé sur une fausse route ? Ces questions, les lecteurs d’Aurore Chéry seront nombreux à se les poser. Sans déflorer le propos et dans le désordre, ce serait donc la fuite à Varennes, la paternité de Louis XVII ou encore l’intimité du couple royal qu’il nous faudrait voir aujourd’hui d’un jour nouveau.

Revisite

Car c’est bien de cela qu’il est question, une biographie nouvelle avec des nouveaux prismes. Et force est de constater que pour l’historien amateur, bien incapable de juger la véracité des thèses, le contenu fait mouche et l’argumentation tend à convaincre. Tend à convaincre seulement parce que, bien ancré dans l’inconscient de chacun, le récit officiel s’obstine et l’on se dit que quelque chose doit clocher dans ce Louis XVI revisité.

Pourtant, on se laisse prendre aux jeux, avec plaisir. On découvre un roi intriguant, calculateur, mensonger. Un portrait à rebours, comme une revanche posthume. Louis XVI a perdu la partie, l’histoire est implacable, mais le Louis XVI d’Aurore Chéry perd avec une forme de panache qui réhausse un personnage que l’on pensait connaître, cet éternel indécis bedonnant. « Que le lecteur ou la lectrice qui pénètre ici soit mise en garde dès le seuil : il sera dérouté » : promet Aurore Chéry en ouverture, promesse tenue.

Alors qui croire ? Les tenants de la version « officielle » ou ce chemin de traverse ?  Nul doute que ce livre fait débat en sortant de la naphtaline un personnage central dans notre histoire moderne, et ne serait-ce que pour cela, la lecture en vaut la chandelle.