Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, vice-président de la CCI de région Paris Ile-de-France, président d’IME France, président et fondateur du Moovjee et surtout à la tête de son entreprise Expertive… Dominique Restino est un homme à multiples casquettes. Il a confié sa vision de l’avenir à Widoobiz, et, selon lui, le plus dur est à venir.
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Avec toutes ces casquettes, quelle est votre priorité en ce moment, pendant cette période de reprise ?
Dominique Restino : Je suis occupée par presque tout en même temps, les chambres de commerce, l’IME, le Moovjee… Mais bien évidemment, c’est mon entreprise Expertive qui me prend le plus de temps. Comme beaucoup de sociétés, nous vivons une période compliquée. D’autant plus que nous sommes dans le domaine du recrutement et de l’intérim, qui est durement touché par cette crise. De 8 h à 21 h, je suis donc dans mon canapé, en conf call. J’essaie de piloter l’arrêt de l’activité, le poste client, les collaborateurs, le chômage partiel, la trésorerie, le lien avec les équipes… Comme n’importe quel chef d’entreprise en fait.
Le confinement a-t-il été bien géré par les autorités ?
DR : Je dirais que oui. Si l’épidémie s’est ralentie, c’est parce que les choses ont bien été gérées. D’un point de vue économique, nous n’avons pas eu le choix, ça a été l’arrêt complet pour beaucoup d’entre nous. Nous sommes en Ile-de-France, où il y a beaucoup d’emplois de service, et donc beaucoup de postes ont pu être mis en télétravail, c’est une chance. Les secteurs du tourisme, de la restauration et de l’événementiel, eux, ont pris le choc plus violemment.
On ne pourra pas revenir à la normale en un claquement de doigts.
Le déconfinement est effectif depuis un peu plus d’une semaine. Sentez-vous une différence ?
DR : Il faut comprendre que le déconfinement est beaucoup plus complexe que le confinement. Parce qu’il faut relancer l’économie, adapter les gestes barrière dans la sphère du travail, des transports… C’est une vraie problématique en Ile-de-France. On ne pourra pas revenir à la normale en un claquement de doigts.
Avec un nombre très concentré d’entreprises et d’habitants, la région parisienne est-elle un cas particulier ?
DR : Nous n’avons pas été touchés plus durement qu’ailleurs. Mais Paris représente quand même 30 % du PIB français avec une densité de population incroyable. C’est justement pour cela que le confinement a été particulièrement impressionnant ici.
Nous devons nous questionner sur notre niveau d’indépendance économique.
Y aura-t-il un retour à la normale pour les entrepreneurs ?
DR : Tout le monde se pose la question. Pour ma part, je ne sais pas ce que c’est « la normale ». Certains disent : « C’est comme avant ». Mais je ne sais pas si c’était normal avant ! Je pense que cela doit nous faire réfléchir. Si c’est pour continuer à faire exactement la même chose, ce est dommage. Nous devons nous questionner sur notre niveau d’indépendance économique, mais aussi sur notre fonctionnement. Par exemple, je pense que nous allons vers une accentuation du télétravail. Il apporte de la souplesse, et c’est une bonne chose à dose mesurée. Cette période nous a permis de toucher du doigt certaines choses. Depuis les années 50, la machine s’est un peu emballée. Est-ce que ce progrès n’a été que positif, ou y a-t-il eu des excès ? Ce sont les questions que nous devons nous poser.
Cette crise, était-elle nécessaire d’un point de vue économique et sociétal ?
DR : Je ne peux pas me résigner à dire que c’était nécessaire. Je n’arrive pas à mettre la crise sanitaire de côté et oublier les 300 morts quotidiens. Je pense toutefois qu’il y a une prise de conscience plus forte. Il ne faut simplement pas oublier toutes nos réflexions et nos bonnes résolutions, et les mettre en pratique pour construire un futur meilleur.