Particulièrement vulnérables face au coronavirus, les personnes âgées subissent un confinement sévère. Depuis début mars, les EHPAD ont fermé leurs portes et n’accueillent plus de public. Une situation nécessaire qui pèse toutefois sur la santé morale des résidents qui ne maîtrisent pas toujours l’outil numérique. Comment préserver le lien entre les personnes âgées et leur famille ? Thierry Schmitt, fondateur de Familizz, nous répond.
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Déjà présente dans de nombreuses résidences séniores, cette solution numérique permet d’ordinaire de faire le lien entre les familles et leur proche placé en résidence. Le principe de Familizz « c’est de pouvoir garder le contact avec un proche en EHPAD. Et pour les résidences, c’est de pouvoir transmettre tout type d’informations aux familles pendant le séjour de leur parent. » explique Thierry Schmitt.
Informer, rassurer et maintenir le lien entre les familles
Ainsi, grâce à cette plateforme, les familles reçoivent régulièrement des nouvelles de leur proche. Le personnel de la résidence, soignants, animateurs, cuisiniers, directeur, y publient des actualités, des photos, des documents à destination des familles. Celles-ci peuvent quant à elle envoyer des cartes postales ou des messages vidéo via Familizz. Ils seront ensuite transmis à leur parent par l’intermédiaire du personnel de la résidence. Depuis le début du confinement, il est également possible de passer des appels vidéos directement sur la plateforme. Les familles peuvent alors se retrouver et échanger des nouvelles sans prendre de risque.
« On a répondu à l’appel de Cédric O qui demandait à la French tech de se montrer solidaire. On propose donc Familizz gratuitement pendant cette crise du Covid pour toutes les résidences. » explique Thierry Schmitt qui constate d’ailleurs une réelle explosion de la demande depuis le début de la crise. « En l’espace de deux semaines on a déployé environ 250 résidences, on en déploie maintenant aux alentours de 100 par semaine. C’est énorme. Il y a un grand besoin aujourd’hui, dans ce contexte, d’avoir des moyens de communication privés, fiables et qui ont fait leurs preuves. »
Pour ce faire, Familizz étend ses services à « d’autres structures qui accueillent des enfants, des adultes en situation de fragilité et qui ne peuvent pas être en contact avec leur famille dans le contexte actuel. […] Ils ne sont pas en quarantaine mais ils évitent tout contact avec les familles. » Thierry Schmitt donne notamment l’exemple de l’hôpital Necker- Enfants malades qui bénéficie aujourd’hui des services de Familizz. « Compte tenu de l’état de santé des enfants, [le personnel hospitalier] ne veut pas autoriser trop de familles à venir à l’hôpital. Donc c’est un moyen pour eux de transmettre l’information, de rassurer les familles. De manière à ce que la sécurité soit assurée. »
Revaloriser l’engagement des équipes
Ce besoin de communication, s’il s’avère indispensable pour les familles, concerne également le personnel de ces établissements spécialisés. « Les équipes ont aussi besoin de montrer tout le travail qui est fait au sein des EHPAD. Notamment auprès des familles. Parce qu’il y a énormément de reportages qui ont été réalisés à charge envers les EHPAD. » Pour les équipes de ces résidences, Familizz représente donc, en partie, un moyen de valoriser leur travail auprès du public.
Transparence et reconnaissance apparaissent alors comme essentielles à l’heure où de nombreuses personnes craignent pour le bien-être de leurs aînés et hésitent à les placer en EHPAD. Malheureusement, il n’est pas toujours possible de maintenir une personne âgée à domicile. « Du moment qu’il y a besoin de soins médicalisés, c’est compliqué de garder ses aînés chez soi. […] Tôt ou tard on sera amené à placer un proche en EHPAD. »
De fait, certains établissements manquent de moyens et ne peuvent pas garantir le bien-être de leurs résidents. Mais ce n’est pas le cas de tous les EHPAD. Dès lors, communiquer sur ce qui est fait dans les résidences, montrer le dévouement des équipes sur place devient vital. Il faut prouver que « maison de retraite » ne rime pas avec mal être et mauvais traitements. Le réseau OMERIS, notamment, qui compte 16 résidences médicalisées de grande qualité, fait figure d’exemple. « Ce sont de très bons EHPAD, les équipes sont super. Humainement, on sent qu’ils sont investis. » confie Thierry Schmitt.
Car, travailler en EHPAD, en temps d’épidémie qui plus est, n’est pas facile. Si certains établissements manquent de moyens, le personnel a toujours à coeur le bien-être des résidents. Face au Covid-19, quelques équipes font même le choix de se confiner à l’intérieur de l’EHPAD. Ainsi, ils peuvent continuer de prendre soin des résidents sans risquer de faire entrer le virus dans l’établissement. « Ce sont des gens qu’on ne reconnaît pas au quotidien », déplore l’entrepreneur. « Que ce soit les soignants, les animateurs, les directeurs d’EHPAD, même en cuisine. Ce sont vraiment des gens qui se dévouent. »
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