Selon une étude Havas publiée en 2018, pour 73% des Français, les entreprises ont le pouvoir de transformer la société. Est-ce aux organisations de changer le monde ? Comment s’y prendre ? Une interrogation à laquelle le MEDEF s’est proposé de répondre mardi 25 février lors de sa conférence « Vers l’entreprise contributive ».
Posons un postulat : l’entreprise contributive naît du dirigeant. C’est lui qui donne l’impulsion nécessaire au changement et c’est à lui d’incarner une raison d’être afin d’engager ses collaborateurs. Dès lors, quel meilleur endroit que le siège du MEDEF, « porte parole des patrons », pour évoquer la raison d’être et ses enjeux de leadership et d’incarnation. Invités de cette rencontre, des entrepreneurs et des directeurs RSE de petites et grandes organisations ont partagé leurs expériences. Retour sur quelques-uns des moments les plus inspirants de cet échange.
« Une entreprise qui ne fait QUE du profit meurt aussi »
Bertrand Bonhomme, Directeur du Développement Durable de Michelin est catégorique : « Une entreprise non durable ne doit pas exister ». Il reprend les mots d’Henry Ford selon lesquels une entreprise qui ne fait pas de profit est vouée à mourir. Ce à quoi il ajoute qu’une « entreprise qui ne fait QUE du profit meurt aussi, parce qu’elle n’a pas de raison d’être ».
Dès lors, s’engager ne consiste pas uniquement à rédiger une raison d’être. C’est une démarche qui doit embarquer l’ensemble des salariés et des parties prenantes externes. Elle implique des actions concrètes et stratégiques voire une certaine forme de renoncement. « Ce n’est pas un slogan ! » assure Hélène Valade, présidente de l’ORSE, mais bien une démarche d’entreprise soutenue par des indicateurs qui mesurent la performance globale.
À l’heure où l’avenir du monde reste incertain les collaborateurs souhaitent que leur employeur s’engage davantage dans une politique RSE. Une ambition qui reste encore flou et difficile à mettre en oeuvre. Comment faire ? Par où commencer ? Selon Geoffroy Roux de Bézieux, Président du MEDEF, c’est par l’exemple, grâce à de petits gestes que l’on avance. « Il y a vraiment besoin d’action, car les mentalités ont changé mais le call to action n’est pas encore là. » explique-t-il.
Comment changer le monde ? Ces entreprises qui montrent l’exemple
Travailler sur des cas concrets
Nicolas Berbigier dirige la start-up Famoco dont le métier est de digitaliser des transactions. Un jour, la start-up est sollicitée par le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies pour les aider à gérer la distribution de l’aide alimentaire. Famoco y a vu une opportunité d’utiliser son expertise technologique pour faire le bien.
Cette mission représentait pour les collaborateurs l’opportunité de travailler sur un cas concret source de fierté et d’efficacité incroyable. Les développeurs, conscients de l’impact réel de leur travail, se sentent plus responsables. Ce qui change complètement la manière de travailler. L’entreprise y a donc trouvé de nombreux avantages, notamment en matière de visibilité et d’opportunités commerciales à l’international, tout en oeuvrant pour le bien commun. Grâce à cette belle collaboration, Nicolas Berbigier nous montre qu’oeuvrer pour l’intérêt général permet de donner du sens au travail et ainsi de gagner en performance. Car oui, une entreprise contributive, c’est aussi une entreprise plus performante.
Privilégier la transparence
« Au nom de la beauté ». Voici la raison d’être de Guerlain qui s’engage pour façonner un monde plus beau et plus durable. Ce voeux de durabilité s’incarne dans la qualité de ses produits. Et pour Guerlain, la preuve de cet engagement passe par la transparence.
Lors de son intervention, Sandrine Sommer, Directrice du Développement Durable de Guerlain met donc en avant le projet Bee Respect. Une plateforme digitale qui permet à ses clients d’en savoir plus sur la composition et le cycle de production des produits. « On est transparent, on explique à nos clients que, oui, on s’engage à aller vers le mieux. […] C’est important parce que c’est une façon de communiquer et de redonner confiance. » Par cette action, la marque admet que le changement prend du temps, et qu’elle n’est pas encore irréprochable. Elle donne cependant l’exemple et rappelle que chaque petite action compte.
Et avant tout, avoir confiance
S’il ne fallait retenir qu’une chose de cette rencontre, c’est que chaque entreprise détient en elle la capacité d’agir. Il suffit de faire confiance à ses collaborateurs et leur donner l’opportunité d’exprimer leurs idées. Bertrand Swiderski, Directeur du Développement Durable de Carrefour le confirme. Pour lui, le bon projet, celui qui embarque les collaborateurs et les consommateurs vient souvent du terrain. « S’il rencontre le soutien du comité RSE, du conseil d’administration, de la direction générale […] il parvient à embarquer du monde. »
Le dirigeant, s’il initie l’engagement, n’est pas seul à incarner la raison d’être et à agir. Il dispose en effet de toutes ses équipes en qui il doit avoir confiance. « Confiance en leur bon sens, en leur génie, en leur capacité à travailler ensemble.[…] » conclut Fabrice Bonnifet, Président du C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable). « Les solutions sont dans la tête des collaborateurs. Dès lors qu’ils ont compris pourquoi et pour qui, ils peuvent soutenir tous les comment ».
À lire aussi sur Widoobiz : [Le Parlement des entrepreneurs d’avenir] Vers une société inclusive ?