Incriminées pour leur composition opaque et leur fort impact sur l’environnement, les protections périodiques sont de plus en plus décriées. Mais quelles sont les alternatives ? Éléments de réponse avec deux entrepreneures qui ont fait de l’hygiène féminine leur combat.
« Tampon, notre ennemi intime », c’est le titre du documentaire Arte, diffusé en avril 2017. L’enquête, signée Audrey Gloaguen, provoque une onde de choc. Dans ce film, la journaliste révèle au grand jour les dégâts que peuvent causer le port prolongé d’un tampon. Chez les femmes porteuses d’une forme de staphylocoque doré, il devient un poison extrêmement dangereux, voire mortel. Une arme de destruction, en somme. Alors que le corps médical se retrouve jusque-là désœuvré devant ces patientes au pronostic vital engagé, une poignée de chercheurs met un nom sur cette pathologie meurtrière : le syndrome du choc toxique, ou SCT. Depuis, le tampon est devenu l’ennemi public numéro 1.
« Cela a poussé beaucoup de gens, beaucoup de marques et beaucoup de consommateurs à réfléchir à des alternatives plus saines, plus neutres, plus transparentes, avec beaucoup plus de descriptions, de communication sur les compositions des protections périodiques qui existent » explique Alexandra Rychner, co-créatrice de la marque de culotte menstruelle Réjanne. Invitée dans l’émission Business Women, Alexandra partage le plateau avec Clarisse Lecourt, fondatrice de Claripharm, qui commercialise notamment des coupes menstruelles. À elles deux, elles tentent d’alerter sur les conséquences d’un port récurrent et prolongé de protections hygiéniques classiques.
La santé et l’environnement en première ligne
Quelques chiffres, qui donnent le tournis. « Les protections hygiéniques, que ce soit serviettes ou tampons, représentent 92 000 tonnes de déchets par an, en France, explique Clarisse le Court. À titre de comparaison, la tour qui remplace les Twin Towers, à New York, fait 45 tonnes ».
Quand on sait que l‘on utilise environ 12 000 protections tout au long de notre vie, cela a de quoi alerter. D’autant que les tampons classiques contiennent du phtalate, « un perturbateur endocrinien, dont on ne connaît pas aujourd’hui les conséquences sur la santé, poursuit Clarisse. C’est un désert réglementaire et c’est à nous de sensibiliser les autorités ». Car c’est un fait, sans réglementation, les marques n’ont à ce jour aucune obligation de transparence quant à la composition de leurs produits.
Selon Alexandra Rychner, nous sommes actuellement dans un véritable tournant. « De plus en plus de femmes s’interrogent et de plus en plus de journalistes, d’auteurs, d’influenceurs prennent la parole sur ces sujets-là ». Reste à convaincre les hommes, ceux qui naviguent dans les plus hautes sphères et ont le pouvoir de faire bouger les choses, de protéger « leurs femmes, leurs filles, leurs sœurs. »