Pour réussir, les entreprises du numérique doivent mettre l’humain au cœur de leur démarche. Particulièrement dans l’économie des services.
C’est une anecdote qui m’a particulièrement marqué. Il y a quelques semaines, je prenais un café en plein centre de Paris avec le PDG d’un des leaders mondiaux du recrutement. En sortant de table, je monte dans un taxi et je file prendre le dernier TGV me ramenant à Aix-en-Provence. Arrivé à la gare, sur le point de monter dans le train, je me rends compte que j’ai oublié mon portefeuille sur la table basse du café… J’appelle le PDG pour lui demander s’il l’a vu et il me dit qu’en effet, le portefeuille est devant lui. Je lui propose de me l’envoyer par courrier mais il me répond que non, il n’en est pas question. Il file à pieds, en courant, pour me l’apporter, traversant au moins deux arrondissements au pas de course. « C’est un principe dans le service, on aide les gens, dans les moindres détails », m’a-t-il expliqué quand je lui ai dit mon étonnement.
Notre métier, c’est un peu ça : être humain et au service de tous, même dans les circonstances les plus inhabituelles. Ce souci de l’humain doit être au cœur de toute entreprise. Et quand le numérique est à l’origine même de l’entreprise, cette attention doit être encore plus forte.
Changer de regard
D’abord pour l’utilisateur du service. C’est la technologie qui s’adapte à l’homme, pas l’inverse. Chez Gojob.com, notre première démarche est de se mettre dans les chaussures de l’utilisateur. Pour voir comment faire de la technologie un facilitateur plutôt qu’un obstacle. C’est pour cela que nous donnons une place centrale aux conseillers qui assurent la liaison avec chaque intérimaire. En moyenne, un candidat passe 30 minutes d’entretien avec Gojob pour trouver la mission qui lui correspond le mieux. Dans l’intérim traditionnel, c’est sept minutes. Sans compter les déplacements jusqu’au bureau de l’agence.
Mettre l’humain au cœur de la démarche suppose aussi de porter un autre regard. Nous partons du principe que les intérimaires ne viennent pas chez nous pour simplement trouver du travail. Ils viennent chez nous pour construire leur vie, au travers de leurs missions. C’est pour cela que nous n’envoyons pas quatre ou cinq candidats pour chaque mission d’intérim qu’on nous confie. On en envoie un seul, parce qu’on le connaît et qu’on sait qu’il est bon pour le job. C’est aussi pour cela que nous invitons régulièrement nos intérimaires aux fêtes que nous organisons chez Gojob. Et que nous nous rendons régulièrement sur leurs lieux de travail pour les rencontrer. Nous faisons tous partie de la même aventure.
Se concentrer sur le cœur de métier
Pour les clients, ensuite. En numérisant le plus possible de procédures, nous sommes capables de répondre rapidement aux recherches d’intérim des entreprises. Mais malgré toute la puissance de nos algorithmes, le « final matching » passe toujours par un contact humain. Nos conseillers en intérim et les candidats se connaissent au point que, souvent, ils s’appellent par leurs prénoms. La technologie peut venir en appui, mais après. Pour envoyer un mail avec l’itinéraire le plus facile pour se rendre à la mission. Ou, une fois la mission commencée, pour digitaliser tout le suivi d’heures et de paies, sans que l’entreprise ait plus de travail à fournir. Tout cela permet de se concentrer sur l’humain, sur le cœur du métier que l’intérimaire va exercer.
Réunions sans écran
En interne, enfin. D’abord en luttant contre le trop plein d’emails. On interdit les envois « pour info » ou pour se couvrir. Cela permet de commencer sa journée sans avoir à dépiler une montagne de messages inutiles. On échange le plus possible à l’oral, en face à face. Le point sur les objectifs, on le fait autour d’une table, et sans écran, pour retrouver le contact humain. Et on garde toujours en vue la finalité humaine du travail. Aujourd’hui, quand on est codeur dans une entreprise qui veut avoir un impact social, on est un peu comme un bâtisseur de cathédrales au Moyen-Âge. On fait un métier technique, et cette technique permet de construire quelque chose qui a du sens pour toute la société.
A tous ces niveaux, faire passer l’humain avant la tech demande de l’engagement. De l’inventivité et de l’agilité, pour s’adapter à la diversité de nos caractères, de nos parcours et de nos attentes. Mais c’est à ce prix que nous pourrons réconcilier la technologie et la société. Aujourd’hui, plus de 80 % des intérimaires qui ont trouvé du travail via Gojob étaient en recherche d’emploi depuis plus de six mois. Pour ceux qui sont sortis du système, notre société semble toujours plus digitalisée, et donc déshumanisée. Inaccessible à ceux qui n’en maîtrisent pas les outils. Nous devons montrer qu’une entreprise peut être numérique ET humaine. Et que le numérique peut être un outil pour faire revenir l’humain au cœur de notre société.
Pascal Lorne, fondateur de Gojob.com, agence d’intérim 100% digitale
Gojob.com , Lauréate des Talents Award dans la catégorie « For Good » lors de la 7e édition du France Digitale Day (18/09/19)