Les jeunes entrepreneurs, par leur culture, leurs valeurs et leurs idées, vont inventer le monde de demain. C’est pour cela que, depuis dix ans, le Moovjee les accompagne et soutien leur engagement. Découvrez leurs témoignages inspirants!
Corps minces et élancés, peaux lisses et roses, fesses fermes et poitrines bombées, sourires parfaits, rides gommées… A l’instar d’un grand nombre de femmes, j’ai baigné et grandi dans un monde où les femmes et les hommes qui font rêver ont des corps sans défauts. Aujourd’hui, inspirée par de nombreuses femmes qui déconstruisent ces diktats, je décide moi aussi d’apporter ma petite pierre à l’édifice en tant que femme et en tant que fondatrice de la marque de la lingerie Naïa.
Le Body Positive, kesako ?
Mouvement social né aux US grâce à Connie Sobczak et Elisabeth Scott (les instigatrices du mouvement en 1996), le Body Positive prône l’acceptation du corps tel qu’il est et diffuse l’idée que la beauté ne doit pas être réduite à quelques stéréotypes jugés “parfaits”. Formes généreuses ou fines silhouettes, marquée par la vie ou sans aucune égratignures, quels que soient l’âge ou la nationalité, la beauté devient un concept universel et authentique qui n’est plus réservé à une minorité d’êtres humains sur la planète. Bien qu’il ne soit pas exclusif à la gente féminine, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’approprier ce concept d’estime de soi. Pourquoi ? Certainement parce qu’elles sont les proies principales des critiques physiques désobligeantes.
Ce mouvement connaît une montée en puissance importante auprès des femmes françaises, à la suite de campagnes féministes tels que #metoo.
Près de sept Français sur dix se sentent complexés, d’après un sondage Meetic mené en 2016. Le sujet est donc assez grave pour qu’on se sente tous et toutes concernés !
Libre à chacun et à chacune d’appréhender l’essence de ce mouvement comme il l’entend…
Personnellement, j’ai regardé l’arrivée du #BodyPositive de loin au départ, un peu comme s’il s’agissait d’une “bête curieuse”. Et puis j’ai commencé à creuser naturellement le sujet, ayant moi-même de gros complexes qui me pourrissent la vie depuis le début de mon adolescence, ce qui m’a notamment valu un passage cauchemardesque dans l’anorexie morbide durant plusieurs années. Loin d’être la seule, beaucoup de femmes autour de moi et de ma génération rencontrent également cette difficulté à s’accepter et s’aimer comme elles sont… Même une fois que l’on a rencontré The One qui nous aime comme on est (oui, oui, avec toutes nos qualités et tous nos défauts physiques) et qu’on a la “sagesse” de la trentaine (avec plus de recul sur soi-même notamment), cette honte reste plantée là et grandit toujours – moins vite peut-être – mais elle persiste. On apprend plus ou moins à l’appréhender et pourtant… on n’ose toujours pas se mettre en maillot de bain (même devant The One), on n’est toujours pas à l’aise de porter certains vêtements (“non, cette robe fait trop ressortir mes fesses !”) et on refuse les photos de plein pied (“ben oui, j’ai des trop petites jambes !” – même si c’est pour immortaliser des moments importants comme la grossesse par exemple.
Aujourd’hui, j’ai envie de prendre la parole sur le sujet car je me sens non seulement concernée en tant que femme, mais aussi en tant que chef d’entreprise de MaPtiteCulotte.com.
Je dois avouer que cette prise de parole n’est pas évidente mais j’espère sincèrement que ce sera une goutte d’eau qui aidera le mouvement à se propager !
Le Body Positive : quelle responsabilité en tant que marque ?
Cela fait plusieurs mois que nous diffusons des photos non retouchées sur MaPtiteCulotte.com. Cela signifie que les cicatrices, la cellulite, les vergetures et autres marques laissées par la vie ne sont plus gommées sur Photoshop ! C’est le mouvement du Body Positive qui nous a inspiré à prendre cette décision qui, au final, est en adéquation totale avec nos valeurs d’équipe et de marque, mais qui reste très inhabituelle pour les marques dans la mode.
Nos actions #bodypositive : une philosophie qui s’applique à 360 degrés dans notre communication !
Dans nos shooting : ça passe évidemment par le fait de ne pas retoucher les corps des mannequins, mais ça passe aussi par un choix plus large de mannequins. Les critères classiques de mannequinat : plus d’1m70, 85B minimum, taille 34-36… On ne les regarde même plus ! Ce qui compte pour nous : des femmes harmonieuses, bien dans leurs corps et qui sont différentes : carnations, tailles, mensurations, etc – bref, à partir de maintenant, on cherche à montrer la diversité de la beauté ! Nous sommes encore au tout début de la démarche et les prochains shootings vous montreront que nous allons encore plus fortement dans ce sens (patience ;)).
Ce qui nous tient à cœur ? Mettre en valeur les corps des femmes sans tomber dans le too much ou le trash!
Certaines personnalités ou marques (et ce, davantage aux US) choisissent de pousser le concept dans l’extrême en prônant le #fatpower et le #nothealthy…
D’autres forcent volontairement le trait en produisant des images tellement militantes qu’elles en oublient d’être esthétiques !
Chez Ma P’tite Culotte, toute l’équipe investit son énergie et sa créativité pour construire un univers harmonieux : nous voulons que nos photos (tout comme nos des produits) mettent en lumière les femmes et leur féminité, sans artifice.
Notre objectif : que les femmes se sentent bien et belles !
Quelle responsabilité en tant que femme et future mère d’une petite fille?
Ces sept mois de ma première grossesse m’ont beaucoup remuée car ils ont notamment fait rejaillir mon manque de confiance à assumer et aimer sincèrement mon corps tel qu’il est. Perdre la totale maîtrise de son corps m’a énormément désorientée… J’ai eu beaucoup de mal à accepter mon bidon qui prenait de plus en plus de place. Des vieux démons que je pensais enterrés sont revenus me hanter (anorexie bonjour !) et m’ont plombé le moral à cause de la culpabilité qu’ils engendraient. Impossible de contrôler évidemment ! Et pourtant, ce corps que j’ai passé tant de temps à détester me donne aujourd’hui la chance de donner la vie… C’est maintenant que je commence à comprendre qu’il faut l’honorer et le chérir, ce corps.
Quand j’ai appris que nous attendions une petite fille, j’étais la plus heureuse du monde, mais cela m’a replongé encore une fois face à mes démons : est-ce que notre fille souffrira des mêmes complexes qui me pourrissent la vie depuis plus de 15 ans ? Comment faire pour que ce ne soit pas le cas ? Comment tout faire pour éviter qu’elle ne tombe dans l’anorexie ou la boulimie à un moment donné ?
J’ai compris qu’en tant que parents nous avions un rôle notable à jouer pour casser les jugements non fondés diffusés par la société depuis des siècles… À commencer par expliquer à notre enfant que la beauté est une notion plurielle qui prend sa source et sa force dans l’estime, le respect et l’amour de soi !
Le mot de la fin
Pour nous réconcilier avec notre vrai corps de femme, et que nos filles s’acceptent dès leur enfance, je vous invite tous à ajouter votre pierre à l’édifice :
- Vous les marques ! Dans la mode, mais pas que.
Chacun sa perspective, chacun ses valeurs de marques et son positionnement : la manière d’aborder le Body Positive est aussi plurielle à mon sens que le nombre de marques qui existent.
- Vous les femmes ! Les mères, les soeurs, les tantes, les institutrices, etc.
Nous avons un rôle important dans l’éducation des jeunes filles ET des jeunes garçons pour casser le cercle infernal qui crée des complexes sur l’irréalisme des images retouchées diffusées dans notre quotidien.
- Vous les hommes ! Les pères, les frères, les tantes, les instituteurs, etc.
Vous avez un rôle tout aussi essentiel dans cette éducation des jeunes filles ET des jeunes garçons pour aider les générations qui arrivent à se sentir bien, au naturel, dans leur corps et leur tête.
J’ai grand espoir que notre fille, née en 2019, ne soit pas embarrassée par des complexes implantés de façon subliminale par les campagnes de publicités et les photos retouchées sur internet !
Charline Goutal-Redrado, fondatrice de Naïa – Mentorée devenue Mentor au Moovjee