À quelques jours du salon Vivatech, dont l’édition 2019 s’annonce imposante, l’agence de notation d’entreprises Early Metrics a interrogé 130 startups européennes sur leur vision de l’écosystème tech européen. On y apprend que 91% d’entre elles considèrent que l’innovation en Europe est promise à un bel avenir. Mais pas que…
Malgré un contexte économique et politique incertain, les entreprises sont confiantes dans la capacité d’innovation en Europe. C’est en tout cas ce que révèle une étude publiée par l’agence de notation Early Metrics. Sur les 130 startups européennes sondées, 91% d’entre elles considèrent que l’innovation en Europe est promise à un bel avenir. Néanmoins 28% estiment que la mise en conformité avec les réglementations européennes (RGPD, MiFIDII…) pèse sur leur activité. En outre, 15% voient leur expansion internationale directement impactée par le Brexit.
Une vision optimiste du futur de l’écosystème tech européen
Sur les 91% précités, 65% des startups interrogées se disent optimistes, voire très optimistes (26%) quant au futur de l’écosystème tech européen. Un résultat qui s’explique par les perspectives de croissance positives en Europe :
- 2018, l’année de tous les records pour l’innovation européenne : environ 20 milliards d’euros investis dans les startups européennes, 69 introductions en Bourse, 17 licornes et une hausse du taux d’emplois créés de 4%, selon le fonds d’investissement Atomico.
- Un vivier de talents qualifiés en Europe : notamment au cœur du succès de la Fintech à Londres, où la création d’emplois a bondi de 61% en un an seulement. Paris, Berlin ou encore Amsterdam produisent également de plus en plus de talents qualifiés grâce à l’école 42 en France, par exemple.
- Assouplissement du cadre juridique : certains secteurs ont bénéficié de nouvelles mesures législatives qui favorisent leur ouverture aux startups (comme la finance avec la DSP2 ou la santé avec la prise en charge par l’Assurance Maladie de la téléconsultation) et les efforts des gouvernements pour l’entrepreneuriat ont accéléré le développement des startups européennes.
Tout n’est pas rose : le Brexit inquiète les entreprises…
- La mise en conformité avec les réglementations européennes (RGPD, MiFID ll…) est jugée comme contraignante et coûteuse (28%). Mais, des effets positifs ont aussi été soulignés, tels que la création de nouvelles opportunités de business (28%) et une plus grande transparence (24%).
- 85% des startups n’ont pris aucune mesure pour préparer le Brexit alors que celui-ci va, en tout premier lieu, complexifier leur activité d’import/export (19%) ; notamment avec le rétablissement des formalités douanières (dédouanement, transit, ICS/ECS…) et les changements en matière de collecte de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
- Autre frein lié au Brexit, l’expansion internationale (15%). Plusieurs startups interrogées envisagent de ne pas rester au Royaume-Uni ou ont mis fin à leurs projets avec des entreprises anglaises. Elles notent aussi une certaine frilosité de la part des entreprises britanniques, qui reportent la signature de contrats dans l’attente du vote sur le Brexit. Plusieurs avouent également avoir diversifié leurs partenariats commerciaux et cherché d’autres fournisseurs en Europe.
- De même sur le plan international, 1 startup sur 5 se dit être affectée par les tensions commerciales qui ont notamment entraîné le ralentissement des investissements chinois en Europe, en baisse de 40% l’an dernier, d’après les cabinets Rhodium Group et Merics. « Les pays européens démontrent une réelle volonté d’aider les startups à s’épanouir. Pour aller plus loin, les gouvernements pourraient unir leurs forces et accroître les investissements directs. L’accès au marché public reste limité pour ces jeunes pousses », commente Antoine Baschiera, PDG et co-fondateur d’Early Metrics.
Montée du populisme en Europe, est-ce un peu la faute du numérique ?
72% des startups européennes interrogées affirment que le numérique tend à servir la montée du populisme. Par ailleurs, plus d’un tiers d’entre elles pensent qu’il a aussi un rôle à jouer pour inverser cette tendance, à l’instar de Facebook, qui procède à une mise à jour de ses conditions d’utilisation suite au scandale Cambridge Analytica.
Pour rappel, Cambridge Analytica est une entreprise britannique, à laquelle Donald Trump a eu recours lors de sa campagne présidentielle. Le scandale portait sur des données issues de millions de comptes Facebook, utilisées pour influencer les intentions de votes en faveur d’hommes politiques. Depuis, le géant du numérique oeuvre pour plus de transparence, ce qui lui a d’ailleurs valu un « bon point » de la Commission européenne. Désormais, Facebook concède également être responsable en cas de négligence pour toute mauvaise manipulation de données par des tiers. À ce jour, encore beaucoup de travail reste à faire.
À propos d’Early Metrics :
Early Metrics est l’agence de notation de startups et PME innovantes. À ce jour, 2600 startups et scale-ups européennes et internationales ont été notées pour le compte de 260 clients, grands groupes et investisseurs privés et institutionnels – dont L’Oréal, Crédit Agricole, Servier et LVMH. Early Metrics est implantée à Paris, Londres, Berlin et Tel-Aviv. Pour plus d’informations : www.earlymetrics.com et sur Twitter @earlymetrics.
Très bon article assez explicite, merci ! C'est sûr que les Anglais en "gagnant" du temps sans prendre de décisions définitives claires et nettes ne jouent pas en leur faveur. Les entreprises seraient sûrement plus confiantes en sachant ce qui va se passer réellement, quoi qu'il se passe d'ailleurs!
Par smilie, le 03 mai 2019
Merci pour tous ces chiffres très intéressants. On dirait que les européens reprennent confiance, on va suivre tout ceci avec beaucoup d’intérêt.
Par Fred, le 04 mai 2019