Leader dans l’âme, Jean-Louis Louvel est à la tête du n°1 européen de la palette industrielle, mais aussi président d’un journal régional, d’une équipe de rugby, relance des sociétés en difficulté et forme des jeunes grâce à son incubateur et son école gratuite… Un hyperactif 100% normand et touche-à-tout on vous dit !
Comme on se demande qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier, on ne saurait dire si Jean-Louis Louvel est entrepreneur avant d’être Normand. Le fondateur de PGS, le leader européen de la palette industrielle en bois, a l’entrepreneuriat et sa région dans la peau. Incarnation hyperactive du créateur d’entreprises multirécidiviste, il est à mille lieux de ceux que la procrastination pétrifie. Il a la trempe de ceux qui regardent par-dessus leur épaule sans aucune nostalgie. Et son emploi du temps surbooké atteste d’un goût immodéré pour l’action.
Son bouillonnement intellectuel perpétuel se matérialise par une carrière ultra éclectique, presque compulsive. Outre la direction de PGS, Jean-Louis Louvel a lancé l’accélérateur normand NFactory, ainsi que la NFactorySchool qui forme gratuitement aux métiers de l’innovation, un peu à la façon de l’école 42 d’un Xavier Niel. Il a également mis un pied dans le monde du rugby en devenant président du Rouen Normandie Rugby, dans la presse en rachetant le quotidien Paris Normandie et dans la musique avec le déploiement du Green Horse Festival en successeur du Rock In Évreux. Enfin, il préside le Rouen Normandy Invest, agence de développement économique de la métropole rouennaise, et a créé Fininco Partners en vue de relancer des entreprises en difficulté. Déjà une dizaine de sociétés se sont ainsi vu sortir de la zone rouge.
On peut arrêter l’école et réussir sa vie
Dans un pays qui dresse l’ENA, HEC et autres grandes écoles comme le Saint Graal de notre éducation républicaine et laïque, mais aussi et surtout comme le passage obligé de tout grand chef d’entreprise qui se respecte, Jean-Louis Louvel dénote. Se définissant comme un entrepreneur et non comme un homme d’affaires, il arrête l’école en 3e malgré une immense soif d’apprendre et d’entreprendre. Dès lors, il se mue en roi des petits boulots et de la débrouille.
Tour à tour tailleur de pierres, vendeur de parfums pour les marins du Havre, pompiste et ouvrier triant et réparant les palettes en bois, Jean-Louis Louvel n’a certes pas la bosse des études mais devient immédiatement un serial-bosseur.
Cette diversité, couplée à une indéniable humilité sans doute léguée par un père ouvrier ayant connu la 2nde Guerre Mondiale, lui donne très vite le sens du challenge et le désencombre de la peur du risque. « La peur et la crainte sont les premiers freins au développement. Beaucoup ont les idées mais n’osent pas se lancer. Quoi que je tente, on m’a toujours dit que j’allais me planter. Or, je ne redoute pas l’échec. Au moins, j’aurai essayé. »
Envers et contre tous donc, c’est à 25 ans qu’il se lance, en meneur de troupe, dans la palette industrielle. Aujourd’hui mentor à l’IME, Jean-Louis Louvel revient sur ses premiers pas de chef d’entreprise : « J’ai appris à me remonter les manches. Je n’étais pas né pour être libre. Lorsque j’ai démarré, sans argent, sans diplôme, personne ne m’a tendu la main. C’est pourquoi j’essaye d’aider les jeunes à présent. On se fout de savoir d’où vous venez. On recherche des compétences. J’en suis la preuve vivante. S’il fallait être bardé de diplômes pour faire quelque chose de sa vie, je serais mal parti ! »
Des petits boulots au grand patronat
Très vite, il devient l’un des protagonistes d’une industrie certes peu sexy, mais dont il flaire le caractère indispensable pour l’économie. Et puisque 94% des palettes utilisées dans le monde sont en bois de résineux, il le choisit comme matière première de ses affaires. Un matériau qu’il gère avec le plus de responsabilité environnementale possible. « Quand nous coupons un arbre, nous en replantons deux pour une récolte effective dans 35 à 45 ans. Nous ne touchons pas aux forêts naturelles où vous faites votre jogging. Par ailleurs, notre approvisionnement est régional, voire local et, dans notre industrie, rien ne se perd, ou presque. Nous produisons très peu de déchets. Les écorces sont utilisées pour décorer des parterres. La sciure pour des panneaux de particules ou la papeterie notamment. »
Résolument pragmatique, Jean-Louis Louvel a l’intelligence du bon sens et de la rationalisation. Aujourd’hui, PGS, c’est 1 300 personnes réparties sur une cinquantaine de sites et 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Avec l’implantation d’une scierie aux États-Unis pour un investissement de près de 30 millions d’euros, la société va faire ses premiers pas en Amérique du Nord dès juin 2019.
L’entrepreneur version chef de famille
Toutefois, ne vous avisez pas de le qualifier de businessman capitaliste. Hors de question pour lui de ne pas humaniser son approche entrepreneuriale : « Certes, notre monde est régi par l’argent, mais je cherche un sens à ce que je fais. S’il y a un coup à jouer pour simplement faire de l’argent, cela ne m’intéresse pas. Je me nourris des rencontres humaines. (…) Tout ce que j’ai réussi à entreprendre et ce que j’ai réalisé est dû à une équipe forte de ses valeurs basées sur l’humain, la confiance, le travail et la persévérance. »
Aussi à l’aise en costume qu’en bleu de travail, Jean-Louis Louvel pilote donc ses affaires avec un brin de paternalisme. Ainsi, lorsque le Rouen Normandie Rugby dont il est le président, joue, il est assailli par l’adrénaline et le stress : « Je suis comme un général en première ligne qui ne peut rien faire, juste contraint à attendre. En attaquant les phases finales, je n’arrive même pas à fermer l’œil la veille de certains matchs. J’ai la boule au ventre, comme un père avec ses enfants ! »
Autre certitude, il ne supporte pas l’injustice. D’ailleurs, sans même que nous ayons le temps d’aborder le sujet avec lui, il évoque la mobilisation des Gilets Jaunes. Une colère qui ne le laisse pas indifférent mais à laquelle il préfère toutefois l’action. Cet homme de conviction commente les remous sociétaux qui agitent la France depuis l’automne 2018 : « Même si je trouve que la situation se dégrade à travers le monde, je veux expérimenter de bonnes actions en sachant, certes, que je ne vais pas changer le monde. Je crois à l’action et non à la révolte pour faire avancer les choses. Et d’ajouter. Ce n’est pas l’égalité, mais l’équité qu’il faut prôner. Par exemple, se faire flasher pour excès de vitesse et prendre 90€ d’amende, que l’on paye l’ISF ou qu’on soit smicard n’a pas de sens. Il faut penser notre contribution sociale au prorata de nos revenus ».
Quand l’oisiveté n’a pas le droit de cité
Côté loisirs, Jean-Louis Louvel a quelques lubies mais ne semble là encore pas goûter à l’oisiveté. Gamin, il joue à Risk et aux échecs. Plus tard, il devient collectionneur des livres Jules Vernes des éditions Hetzel. Aujourd’hui, il songe à acquérir une armure de samouraï. Mêlant rêverie et stratégie, il nourrit donc ses ambitions à coups d’aventures littéraires. Cet hyperactif qui tourne à plein régime (il tournait aussi au régime un peu trop compulsif du fameux ‘café-clope’, mais a stoppé la cigarette début 2019), est aussi amateur d’Histoire et notamment celle de la Rome antique. « Ma femme râle, mais je monte le son de la télé face à un bon péplum », reconnaît-il avec humour.
Le Normand qui a le verbe facile, volubile, le goût pour l’échange et le sens de l’écoute, parle cash aussi. « Je m’exprime avec mon cœur et mes tripes, pas avec mes notes. » Pourtant, Jean-Louis Louvel écrit comme il respire, ou plutôt comme il pense. Dans son bureau, dans sa voiture, entre deux rendez-vous et même en toute fin de journée : « J’ai des idées tout le temps. » Un bouillonnement intellectuel tel, qu’il doit d’ailleurs s’envoyer un mail tous les soirs pour enfin pouvoir dormir, serein… jusqu’à demain.
Ces valeurs décrites sont admirables ! Ce sont des personnes comme lui qui devraient diriger la France et mettre de l'ordre dans un capitalisme qui dérive et un socialisme jaloux sans proposition concrète.
Mes respects Jean-Louis.
Par John, le 15 avril 2019