De La Boutique 75 des puces de Saint-Ouen à Aero-Design et Aviation Spirit, les distributeurs et les artisans sont déjà nombreux à transformer des pièces aéronautiques en meubles design. Humant sans doute le filon, Airbus y succombe à son tour et lance sa propre marque de déco : A Piece of Sky.
Fuselage, moteur, hublot, plancher carbone… Airbus va donner une seconde vie aux morceaux de carlingue de ses anciens avions. La diversité des pièces et des matériaux utilisés par le géant de l’aéronautique semble sans fin. De quoi permettre à la multinationale de trouver un relais de croissance supplémentaire dans le monde chahuté et hautement concurrentiel du transport aérien.
L’heure n’étant pas encore à l’écologie, aux biocarburants et aux vols par énergie solaire pour le constructeur, c’est en mettant un pied dans le monde de la décoration qu’Airbus fait un pas vers l’économie circulaire.
Un projet développé en interne
Le projet revient à deux salariés intégrés : Anaïs Mazaleyrat qui œuvre à la transformation digitale, et Jérémy Brousseau, du service qualité de l’A350. L’histoire professionnelle de ces deux ingénieurs débute sur les bancs d’une formation à la Leadership Université d’Airbus.
Avec, dans leur ligne de mire, le cimetière des avions de Californie où des centaines d’appareils sont cloués au sol dans la poussière et l’oubli, ils planchent sur un label d’upcycling (comprenez de ‘recyclage’ en anglais). C’est dans l’incubateur maison d’Airbus, le BizLab à Toulouse, que le projet prend vie.
Et ils sont persuadés de l’utilité de leur projet car, au-delà d’une démarche artistique, il s’agit de revaloriser des déchets. Airbus affirme même que A Piece of Sky « permettra de réutiliser entre cinq et dix avions en 2019, soit 2 000 pièces ».
Déjà une vingtaine d’objets lancés en 2019
Ils font un premier tour de table créatif avec onze designers pour le lancement de la marque en 2019. Sont ainsi à découvrir un buffet en fuselage, une coiffeuse avec un hublot, des tables et des luminaires, des chaises et des étagères avec une identité souvent industrielle et épurée. Soit une vingtaine de pièces de mobilier d’ores et déjà réservables via une pré-commercialisation officiellement lancée le 15 avril 2019. Quant à leur livraison, elle est attendue pour janvier 2020.
Côté tarifs, l’amplitude est grande même si le positionnement du nouveau label est résolument haut de gamme. Les premiers prix pour des objets fabriqués en série tournent autour de 800 euros. Quant aux pièces uniques, elles peuvent atteindre des milliers d’euros.
La designer Christelle Doutey a d’ailleurs imaginé un fauteuil au prix de 7 000 euros. Baptisé ‘Cloud’, il est conçu avec un nez d’A350. Cette pièce, parfaitement calibrée pour les amateurs de design et autres collectionneurs, aurait déjà trouvé preneurs, selon Airbus.
Une démarche qui a de l’avenir
Un autre appel à création est impulsé pour la collection 2020. Le projet a vocation à rester dans le groupe. Mais ce dernier pourrait bien industrialiser une partie de la production et créer une filiale dédiée si le succès est au rendez-vous.
D’autant que l’éco-conception devrait avoir de beaux jours devant elle. En effet, on annonce la circulation de deux fois plus d’avions qu’aujourd’hui dans les airs d’ici à vingt ans.
Merci beaucoup pour cet article ! Et je confirme également que mes deux fauteuils Cloud ont déjà trouvé preneurs. Merci également pour les citations des noms des créateurs. Excellente journée
Par Doutey Christelle, le 12 avril 2019