Oubliez le bouquet offert pour la Saint-Valentin et fané à peine quelques jours plus tard. Certains néo-fleuristes proposent des fleurs au goût d’éternité grâce à une technologie de conservation unique. Roses, amarantes, hortensias stabilisés gardent leur fraîcheur… pendant des années ! Explications.
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Le culte des fleurs stabilisées nous vient tout droit du Japon. S’il a encore le goût de l’inédit en France, il est pratiqué depuis près de 40 ans en terres nipponnes. Et son succès est tel que des concours dédiés à cette technique de conservation florale y sont organisés depuis 2003. Avec quelques années de décalage, le marché français s’y met lui aussi. L’offre, encore marginale, est impulsée par des néo-fleuristes qui font de la stabilisation leur signature. Des labels tels que Florescence Paris veulent disrupter un secteur déjà secoué par de nombreux acteurs du web tels que Pampa, Bergamotte ou Monsieur Marguerite.
Un bain de jouvence pour des fleurs éternellement jeunes
Mais que se cache-t-il derrière ce terme aux contours un peu barbares ? La stabilisation des fleurs permet de les figer dans leur maturité et leur pleine beauté pour des mois, voire des années. Les ayatollahs de cette technique proche de l’embaumement des corps de l’Egypte antique parlent même parfois d’une décennie de conservation !
Le procédé se veut aussi simple que naturel, mais demande un peu de patience et d’huile de coude. Il consiste à couper la tige à quelques centimètres de la tête afin de plonger cette dernière dans des bains successifs. Le premier d’entre eux se compose d’alcool pur et le trempage doit durer 24 heures maximum. Le second – un mélange d’alcool, de propylène glycol, de glycérine et de colorants alimentaires – permet de réhydrater la fleur et de lui redonner une couleur. En effet, sa teinte d’origine est détériorée par le bain d’alcool, la fleur adoptant systématiquement un coloris champagne. Ce travail de recoloration peut donc se prolonger au-delà du bain de réhydratation selon les effets et nuances souhaités.
Jouer à l’apprenti-sorcier
Mais tout n’est pas si simple. D’abord, ces fleurs se vendent souvent sans leur tige, car la technique de stabilisation diffère entre l’une et l’autre. Si on unifiait le processus, le risque serait de leur donner la même couleur. Une rose rouge ? Sa tige serait carmin aussi ! C’est pourquoi, chez Florescence Paris, les roses sont piquées dans une mousse florale et leur base est cachée par une boîte aux allures vintage qui fait partie intégrante de la composition.
Ensuite, même si des techniques de fixation par capillarité sont proposées, notamment via des kits de Do It Yourself sur Internet, les résultats ne sont pas à la hauteur de ceux que les bains garantissent.
Une alternative qui reste naturelle
Cette nouvelle façon de consommer l’art floral constitue encore une part minime des 1,97 milliard d’euros de chiffre d’affaires de la filière française*. D’ailleurs, la menace ne plane pas sur le secteur traditionnel, car il faut d’une part en avoir les moyens (les prix de Florescence Paris vont de 21 euros pour une seule rose dans sa boîte à plus de 300 pour un bouquet de plusieurs dizaines de roses) et d’autre part, il faut évangéliser une clientèle qui connaît mal voire ne connaît pas la stabilisation. Un travail de pédagogie qui prendra des années, si ce n’est des décennies…
Les grands noms en proposent rarement, mais des acteurs un peu moins connus du grand public s’y mettent massivement. Parmi eux, Florescence Paris en a fait l’offre unique de son catalogue. Sur son site de vente en ligne, on peut commander des bouquets de roses plus ou moins volumineux disposés dans des boîtes noires et blanches à la présentation originale par rapport aux compositions florales traditionnelles.
Côté tarifs, les fleurs stabilisées sont forcément plus chères qu’un bouquet traditionnel. Il faut compter en général un minimum de 5 euros par fleur. Mais ceux qui en ont fait leur produit star ont d’autres arguments séduction : « Ce traitement est complètement naturel et le produit final reste 100 % écologique et biodégradable », affirme-t-on chez Florescence Paris. Cette offre pourrait donc bien être une alternative aux fleurs coupées ou séchées.
Et avec un peu de chance et de savoir-faire (certes elles n’ont pas besoin d’eau, mais les fleurs stabilisées n’aiment pas l’exposition directe au soleil et un taux d’humidité trop élevé), le bouquet de la Saint-Valentin 2019 trônera toujours dans le salon l’année prochaine !
* étude I+C pour VAL’HOR et la FFAF, chiffres 2015