Arnaud Montebourg a quitté les coursives du ministère de l’Économie pour devenir entrepreneur. Son label Bleu Blanc Ruche vend et fait la promotion d’un miel ‘made in France’ avec une politique du prix juste pour les apiculteurs comme le consommateur. Son ambition ? Oeuvrer au repeuplement des abeilles dans l’hexagone.
Avec 40.000 tonnes de miel dégusté chaque année, la France figure parmi les nations les plus demandeuses du précieux nectar. Pourtant, ses capacités de production, elles, ne cessent de chuter. Ainsi, en 2017, l’hexagone n’a produit que 20.000 tonnes. Il a même dû importer plus de 30.000 tonnes de miel pour couvrir la consommation nationale.
Tout aussi préoccupant, les amateurs de miel sont parfois dupés par la qualité de ce qu’ils achètent. En effet, avec l’absence d’obligation de traçabilité, de nombreuses importations seraient de piètre qualité et même coupées avec des sirops et autres dérivés de sucres. En 2015, une étude de l’Union Européenne a révélé que sur 1.200 miels d’importation, plus du tiers présentait un caractère frauduleux. Face à cette situation préoccupante, Arnaud Montebourg est passé à l’action. L’ancien ministre de l’Économie sous le quinquennat de François Hollande a lancé Bleu Blanc Ruche en 2018.
Une marque militante et ‘made in France’
Tout commence le 10 septembre dernier sur la plateforme de crowdfunding Ulule. Le succès de ce nouveau label du paysage apicole français est immédiat. L’objectif de vendre 1.000 pots est atteint en une petite journée seulement ! Deux mois plus tard, même razzia sur le salon Made in France. Les badauds s’y bousculent pour déguster, puis acheter un ou plusieurs miels du label.
Ce dernier se définit comme « une marque de combat qui vise à associer le consommateur au repeuplement des abeilles en France », explique M. Montebourg. Aujourd’hui retiré de la vie politique, l’entrepreneur précise qu’« il manquerait 13 millions de ruches en Europe occidentale dont 500.000 rien qu’à travers l’hexagone. » Quant au nombre de professionnels aptes à (re)constituer des colonies d’abeilles, il décroît lui aussi année après année.
Pour une consommation plus juste et plus responsable
Le discours de la marque se veut particulièrement didactique : l’idée est avant tout de pousser les apiculteurs partenaires à augmenter leur cheptel en contrepartie d’une rétribution 5 à 10 % plus élevée que les cours du marché. Un différentiel de prix que Bleu Blanc Ruche cherche à minimiser au niveau du consommateur. En effet, ce dernier est tout au plus impacté de quelques dizaines de centimes d’euros par pot.
Aujourd’hui, Bleu Blanc Ruche capitalise sur une dizaine de références, du miel de lavande au châtaignier en passant par la bruyère. Ses articles sont disponibles sur son site de vente en ligne et dans 250 Franprix depuis mi-novembre 2018. Face au succès de ses premières cuvées, le label français pourrait diversifier ses gammes en lançant d’autres produits alimentaires contenant du miel, tels que des bonbons ou du pain d’épice.
De la création d’une marque au lancement d’un centre de formation
Mais l’initiative va plus loin. Dans le sillage de Bleu Blanc Ruche, a été lancée l’École des hautes études apicoles (EHEA) en partenariat avec le CNRS, l’INRA et le Muséum national d’histoire naturelle. Ce centre de formation a été inauguré lundi 14 janvier 2019. Depuis lors, il accueille une première promotion de douze étudiants dans la Maison Régionale de l’Innovation au cœur de Dijon.
C’est en effet dans la métropole bourguignonne que la marque a choisi de s’installer dès ses premiers pas. Cette implantation ne doit rien au hasard. La ville est très engagée dans la promotion, la sauvegarde et le redéploiement du miel français. Le réseau urbain accueille de nombreuses ruches depuis des années, ce qui a valu à Dijon le prix ‘Ville du Miel’ en 2016. L’agglomération a aussi obtenu le label ‘APIcité’ et, depuis plus de cinq ans, elle participe au programme ‘abeille sentinelle de l’environnement’.