Chief happiness officer, espaces de détente, cours de sport… Au fil des ans, le bien-être en entreprise est devenu un élément déterminant dans la fidélisation de ses talents. Forts de ce constat, les frères Catani fondent en 2016 Goalmap, une application de coaching. Rencontre avec Damien, l’aîné de la fratrie.
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Le bien-être, c’est dans l’ADN des frères Catani. Alors quand Damien intègre la banque d’affaires londonienne JP Morgan, au sortir de ses études, cela sonne presque comme une anomalie. Après avoir passé douze ans dans la finance, il décide de se consacrer à sa passion pour le développement personnel. Avec Arthur, son petit frère, il crée Goalmap, une application de coaching destinée aux particuliers. Courant 2018, les deux frangins décident d’aller encore plus loin et proposent leurs solutions innovantes aux entreprises. Le Crédit Agricole, Reed Expositions, Carte Noire… La recette séduit des grands comptes et confirme l’intuition des jeunes startupers : le bonheur des salariés est bel et bien un enjeu de société.
Damien Catani, pourquoi misez-vous sur le bien-être avec Goalmap ?
On a eu la chance de grandir dans une famille où l’équilibre de vie et la réalisation de soi sont vraiment des valeurs cardinales. Notre mère écrivait des livres sur l’alimentation saine, notre père avait un diplôme de prof de yoga. Ils nous ont enseigné que le succès, c’était plus que des bonnes notes à l’école ou la réussite professionnelle. Aujourd’hui, le bien-être est devenu un gros enjeu de société. Un enjeu qui nous tient à cœur.
« Nos programmes permettent d’aider les gens à mieux gérer leur temps »
Le bien-être est un terme très galvaudé. Quel sens lui donnez-vous ?
C’est vrai qu’en France, ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. Nous, on s’intéresse au bien-être du salarié de manière individuelle, aux bonnes habitudes que le collaborateur peut mettre en place dans sa vie : la nutrition, le sommeil, la gestion du stress, l’équilibre de vie et la psychologie, l’activité physique versus la sédentarité. C’est à la fois de la santé et du développement personnel.
Aujourd’hui, le secteur du bonheur au travail est un business florissant : simple effet de mode ou véritable levier de croissance ?
On pense qu’il y a une vraie tendance de fond, qui a commencé il y a 30 ans, lorsque les gens se sont mis à courir, faire du yoga, regarder d’un peu plus près leur alimentation… Cette vague ne faiblit pas, bien au contraire.
En tant que startup, ce n’est pas notre rôle d’évangéliser le marché. Mais dans le monde de l’entreprise, c’est une réalité, il y a des pionniers qui commencent à faire des choses par conviction. Oril vaut mieux agir par conviction que par obligation.
À l’heure où l’on incite de plus en plus les gens à se détacher de leurs écrans, est-ce que bien-être et numérique ne seraient pas un peu antinomiques ?
On essaie de prendre le meilleur des deux. Nos programmes numériques permettent aussi d’aider les gens à mieux gérer leurs emails, leur temps… On leur explique comment ils doivent aborder le numérique pour créer du bien-être dans leur vie, être moins stressés, etc.
« Le bien-être au travail est un gros enjeu de société »
Concrètement, combien ça coûte aux entreprises ?
La vraie question, c’est combien ça leur rapporte !
Alors combien ça leur rapporte ? Êtes-vous capable de mesurer, voire de chiffrer les répercussions d’une telle politique en entreprise ?
On n’en est pas encore là et aujourd’hui, les entreprises qui se lancent là-dedans le font par conviction. Elles observent ce dispositif sous l’angle de marque employeur, pour attirer et fidéliser les talents. Quand on regarde les études, la politique bien-être d’une entreprise chez les jeunes, c’est le 3e critère pour y rester, après la rémunération et la culture d’entreprise. Or une politique de qualité, ça coûte 0,1% de la masse salariale. Dans d’autres pays, comme le Canada par exemple, l’agence pour la santé publique a démontré qu’investir 1 dollar dans le bien-être des collaborateurs rapportait entre 2 et 4 dollars.
« Dans un grand groupe, l’individu est plus isolé »
« L’individu est plus isolé dans un grand groupe »
Vous avez opté pour une approche phygital (physique + digital). Expliquez-nous un peu ce que cela implique pour votre dispositif.
En effet, notre dispositif est à la fois numérique et physique. Le digital est intéressant lorsque l’on parle du bien-être des collaborateurs, car il permet de toucher de manière équitable des populations larges et dispersées. En même temps, l’humain renforce le digital en créant du lien dans l’entreprise, de la motivation, des ponts entre des personnes de services différents… Tout ça participe à la dynamique d’engagement qu’on aide à mettre en place.
Pourquoi viser des grands groupes plus que les petites startups ?
Dans les petites entreprises, on peut le faire de manière artisanale. On peut facilement instaurer une dynamique de sport par exemple, on a moins besoin d’un service externe. Dans un grand groupe, l’individu est plus isolé donc pour nous, ça a plus de sens d’y aller avec du digital.
On parle beaucoup de la solitude de l’entrepreneur. Quel rôle joue Réseau Entreprendre dans votre vie de startuper ?
Le réseau a toujours joué un rôle important. On y a trouvé beaucoup de choses : de la bienveillance, du suivi, du réconfort dans notre vie entrepreneuriale et un soutien moral pour pallier ce sentiment d’isolement. Après avoir longtemps travaillé à Aix-en-Provence, on vient de s’installer à Paris, aux côtés d’une équipe super dynamique. C’est très intéressant d’évoluer dans cet écosystème.