Gérer les réseaux de transport public à l’aide du numérique, tel est le pari de Jean-Paul Medioni au lancement d’Ubitransport, il y a six ans. Aujourd’hui, l’entreprise est le leader incontesté des systèmes de transport intelligents numériques dans le transport public en France. Récit d’une startup, devenue gazelle.
Gros clients serveurs, gros calculateurs embarqués… Jusqu’à l’arrivée d’Ubitransport sur le marché du transport de voyageurs, les systèmes d’information pour ces réseaux étaient construits sur des technologies dimensionnantes. Mais ça, c’était avant.
En 2012, Jean-Paul Medioni débarque sur ce secteur. Il prend alors le pari de basculer ces systèmes clients serveurs vers du 100% numérique dans le Cloud. C’est la naissance d’Ubitransport. Un éditeur de logiciels et intégrateur de solutions, capable de connaitre et gérer les flux de véhicules et de personnes, en temps réel. « À l’aide d’un smartphone que l’on remet au conducteur, nous pouvons savoir ce qui se passe sur le terrain », précise le fondateur de la startup.
Très concrètement, l’intelligence embarquée permet de géolocaliser et réguler l’avance/retard des véhicules (aide à l’exploitation), gérer les titres des usagers (Billettique), informer les voyageurs… En mesurant en temps réel ce qui ce passe sur un réseau et en comparant ces données dynamiques aux données théoriques, Ubitransport permet aux collectivités et opérateurs de transport d’optimiser les grilles horaires, les circuits, les taux de remplissage ou encore les politiques tarifaires. Outils collaboratifs, les données sont partagées par l’ensemble des acteurs du transport.
« Le digital permet de redistribuer les cartes de la filière »
Une solution qui sonne comme une petite révolution dans le monde du transport public de voyageurs. En effet, jusque-là, seules les grandes métropoles étaient en mesure de s’offrir des systèmes d’information. Ces derniers se révèlent chers et complexes à déployer et maintenir. Grâce à sa technologie connectée, Ubitransport accompagne des territoires de toutes tailles, même les plus petits, qui avaient une offre de service réduite.
« En nous appuyant sur le numérique, nous avons construit une plateforme et des technologies de plus en plus puissantes. Le numérique s’affranchit des distances géographiques ou des métiers. Nous avons alors pu aller à la rencontre de l’ensemble des acteurs impliqués sur les réseaux de transport public, que ce soit le transport scolaire, l’urbain ou encore l’interurbain », explique le dirigeant qui s’étonne de voir à quel point « le digital redistribue les cartes. » Et Jean-Paul Medioni de poursuivre : « C’est ce que nous avons eu la chance de vivre en devenant très vite le leader français de cette approche digitale, pouvoir connecter les territoires entre eux et leur permettre de s’émanciper et organiser au mieux leur mobilité au quotidien. »
« Notre ambition, devenir un leader global, digital et inclusif de la mobilité »
Leader, c’est le terme qu’il convient d’utiliser pour qualifier cette scale-up. Ubitransport affiche en effet une croissance de 6 528 % sur quatre ans. « Nous avons réaliseé la plus forte croissance des entreprises technologiques françaises ces quatre dernières années. C’est un vrai indicateur sur la révolution que nous portons », affirme son fondateur, membre de la communauté Bpifrance Excellence, le réseau business des entrepreneurs de croissance.
Avec près de 100 réseaux déployés en France métropolitaine et en outre-mer, la société mâconnaise entend bien conquérir d’autres marchés, cette fois étrangers. « Nous avons d’abord accompagné des réseaux qui n’avaient jamais eu les moyens de s’équiper en systèmes de transport intelligents. Nous avons ensuite outillé des réseaux qui avaient déjà déployé d’autres technologies traditionnelles et qui ont basculé vers le digital. Tous ces processus nous ont permis de valider la pertinence et la robustesse de nos solutions et surtout de confirmer la montée en maturité de notre organisation. »
Fort de ce constat, le dirigeant d’Ubitransport n’a pas peur d’énoncer clairement ses objectifs : « Notre ambition est de devenir un leader global, digital et inclusif de la mobilité dans notre domaine. Je souhaite faire rayonner les savoir-faire français hors de nos frontières, parce que c’est une vraie force. Et ces expériences étrangères sont aussi très enrichissantes pour nos clients français avec lesquels nous partageons retours d’expériences et innovations. »
« Il existe tout un écosystème tourné vers les startups »
Si l’ambition est là, Jean-Paul Medioni n’en reste pas moins lucide. Et pour ne pas rater le virage de l’internationalisation, il préfère bien s’entourer. « Aujourd’hui, il existe tout un écosystème tourné vers les entreprises et en particulier vers les startups, rappelle le chef d’entreprise. Je pense à Bpifrance bien évidemment, son réseau excellence, à la FrenchTech, au Pass FrenchTech, au Réseau Entreprendre… Un.e jeune entrepreneur.e qui monte sa boîte et qui ne va pas voir ces écosystèmes fait en quelque sorte ‘une faute de gestion’ ».
Une logique de partage et de mutualisation qui fait partie de l’ADN de Jean-Paul Medioni. L’homme est désireux de porter maintenant des sujets sociétaux avec ses collaborateurs. « Si chacune des entreprises pouvait porter une mission allant vers des enjeux de société… Des choses se passeraient un peu différemment », confie-t-il, avant de conclure, tout sourire : « Nous ambitionnons de devenir un leader, mais nous voulons aussi construire une boîte avec une identité, une âme. Le but est de rapprocher les territoires et les citoyens que nous sommes... C’est génial, cela nous donne la banane et résonne auprès de toutes les équipes. » C’est donc un chef d’entreprise heureux qui foulera les allées de l’AccorHotels Arena de Paris, le 11 octobre, pour Bpifrance Inno Génération.