Diagnostiquée d’un cancer du sein en 2013, Isabelle Guyomarch décide de transformer cette épreuve en projet innovant. Elle crée alors une gamme de cosmétiques sur-mesure pour les femmes touchées par la maladie.
Racheter une entreprise en difficulté, c’est le choix qu’a fait Isabelle Guyomarch, après 20 ans de salariat dans l’industrie pharmaceutique. « J’ai pris la tête de CCI Productions en 2008, à une époque où tout le monde quittait la France à cause de la crise ». Un pari risqué, mais couronné de succès, puisque cette société de 200 salariés est aujourd’hui une référence dans la production de cosmétiques hauts de gamme.
Mais en 2013, le diagnostic tombe : Isabelle est atteinte d’un cancer du sein avec métastases. Une épreuve qu’elle choisit d’affronter avec courage, en continuant à porter son entreprise. « Paniqués par mon état de santé, mes associés minoritaires voulaient vendre la boîte. J’ai réussi à racheter leurs parts et suis restée seule à la tête du navire, avant d’être rejointe par mes enfants », précise-t-elle.
« Quand on est malade, l’enjeu n’est plus de savoir si on pourra gommer ses rides dans 10 ans, mais si on aura la chance d’avoir des rides dans 10 ans »
Elle imagine alors Ozalys, une nouvelle marque dédiée aux femmes touchées par le cancer du sein. « Comme beaucoup de cancer survivors, j’ai éprouvé le besoin de donner du sens à cette épreuve. Mes salariés m’ont beaucoup soutenue dans ce projet ». L’objectif ? Améliorer la qualité de vie des patientes, leur donner envie de prendre à nouveau soin d’elles. « Quand on est malade, l’enjeu n’est plus de savoir si on pourra gommer ses rides dans 10 ans. Mais si on aura la chance d’avoir des rides dans 10 ans. Néanmoins, avoir une bonne image de soi est important pour aller mieux. D’autant que le cancer du sein est celui qui impacte le plus l’image de la femme ».
À l’origine de la gamme, un constat : les traitements du cancer sont lourds. Quant à leurs effets secondaires, ils sont nombreux (peau sèche, boutons, ongles cassants, pertes des cheveux, bouche irritée, mauvaise haleine…). Des problématiques auxquelles les soins du marché sont peu adaptés. « La dermocosmétique ne fait que détourner des produits de leur usage initial. Contre la peau sèche, on ne trouve que des crèmes grasses, épaisses et dures à étaler. Quant aux dentifrices les moins abrasifs, ce sont ceux à la fraise, pour les enfants, explique Isabelle. Ozalys. Ce sont des produits innovants et de qualité, accessibles à toutes partout dans le monde ».
Mais plus que l’idée d’une marque innovante, cette épreuve aura inspiré à Isabelle une nouvelle façon d’envisager son rôle de dirigeante. « La maladie n’a pas forcément fait de moi une meilleure entrepreneure. Je n’aurais peut-être plus, aujourd’hui, la force de redresser à nouveau une entreprise. Mais elle m’a donné envie d’aider les autres, et je me suis beaucoup investie dans l’après cancer », souligne la business woman. Elle a ainsi signé la charte Cancer@work, œuvrant à l’intégration et au maintien de l’emploi des salariés touchés par le cancer dans sa société.
Son usine a aussi accueilli le tournage d’une vidéo de sensibilisation pour la campagne « Fighting Cancer », sur LinkedIn. Son but : lever les tabous auprès des recruteurs pour mettre en avant les soft-skills acquises en combattant la maladie.
« Ma boîte, ça a été ma résilience à moi »
Présente au Salon de K.Fighteuses organisé à Lyon le 26 avril dernier, Isabelle fait également partie du jury du prix Rose de l’entrepreneur. « J’encourage les femmes que je rencontre à mettre en œuvre leur projet, si elles rêvent d’entrepreneuriat. Car ce projet pourrait bien être leur résilience, leur rebond vers l’après, au même titre que ma boîte a été ma résilience à moi ».