Seulement 21% du plastique utilisé est recyclé en France. Pour enrayer l’utilisation abusive de ce matériau, l’association No plastic in my sea nous invite à limiter son usage avec le « No Plastic Challenge ». En tant que citoyenne engagée, j’ai décidé de relever le défi.
Samedi 2 juin, des consommateurs militants ont mené une « plastic attack » dans un Monoprix du 14ème arrondissement de Paris. Ils se sont donné rendez-vous pour faire leurs courses. Leur but ? Ôter tous les emballages plastiques inutiles après leur passage en caisse, avant de prendre en photo le résultat de cette opération – soit une dizaine de caddies remplis de déchets plastiques. Le tout pour diffuser ces images sur les réseaux sociaux. L’idée de cette initiative est simple. Il s’agit de dénoncer le suremballage des produits du quotidien. Fabriqué à partir de matières premières non renouvelables, le plastique constitue 4% de la consommation mondiale de pétrole ; au-delà d’une industrie très polluante, il représente un véritable danger pour la biodiversité.
Dans la continuité de ce mouvement, l’association No plastic in my sea a lancé son premier « No Plastic Challenge ». Le principe est simple. Du 5 au 14 juin, les participants sont invités à réduire leur consommation de plastique en adoptant quelques réflexes. Cela passe par le bannissement des pailles, bouteilles en plastiques, contenants jetables, mais aussi par l’utilisation de savon solide et de vaisselle réutilisable, notamment sur son lieu de travail.
Comme le début de mon contrat coïncide avec la journée mondiale de l’environnement et le lancement du « No Plastic Challenge » je me suis dit que c’était une bonne occasion pour changer mes habitudes.
« Dès mon arrivée sur mon lieu de travail, quelque chose me choque : le plastique est partout ! »
Premier jour : je prends conscience de l’omniprésence du plastique au bureau
Dès mon arrivée sur mon lieu de travail, quelque chose me choque… Le plastique est partout ! Fenêtres, poubelles, chaises, horloges, fausses plantes… même les communications internes (plan d’évacuation, indication des sorties de secours) sont plastifiées. Je n’avais jamais remarqué tout ça. Alors que je m’installe à mon bureau, propre et neuf, deuxième constat : tout le matériel posé dessus est fait de plastique.
Les blocs-notes et post-it sont emballés dans du plastique, et la quasi-totalité de ce qui remplit une trousse en est aussi : stylos, porte-mine, ruban adhésif et son dévidoir, correcteur, tube de colle … Ce défi semble plus compliqué que prévu. Je vais essayer de limiter le travail manuscrit au maximum, pour éviter le gaspillage. Oui mais voilà, l’écran d’ordinateur sur lequel je pose mes yeux, à travers des lunettes, les écouteurs et chargeurs, claviers, clés USB, tout est en plastique.
De toute évidence, je ne vais pas demander à changer pour un ordinateur de bois : le « No Plastic Challenge » se fera dans la mesure de ce que je peux éviter personnellement.
Deuxième jour : mon déjeuner s’annonce plus compliqué que prévu
A la pause de midi, je n’ai rien prévu pour déjeuner. Mes collègues vont manger au restaurant, et je les suis. Mais voilà : un bô-bun et des nems à emporter, ça fait deux contenants en plastique et des couverts en plus. Ça commence mal. Qu’à cela ne tienne, je mange finalement sur place dans une vaisselle normale. Dans la cuisine, le plastique est roi aussi : planche à découper, passoire, moules en silicones, bouteille de liquide vaisselle … Les placards ne sont pas épargnés, avec les sacs congélation, film cellophane, et autres sacs poubelles.
Je songe à emmener de la nourriture dans des boîtes pour les jours suivants : je sais qu’il en existe en verre. Il faut également que j’investisse dans une gourde réutilisable : je ne peux pas boire d’eau dans une bouteille en plastique.
Troisième jour : je zappe la pause-café
Le réveil sonne trop tard et comme je ne veux pas être en retard pour mon troisième jour, je zappe le petit-déjeuner. Et j’oublie de prendre une tasse. En arrivant au bureau, je saute sur mes capsules de café, mais je déchante rapidement. Celles que j’ai achetées sont en plastique, et je vais avoir besoin d’un gobelet. Le café attendra la pause de midi.
« Protéger et contenir, cela semble être sa fonction principale : pourtant, certains objets n’en ont pas besoin »
Quatrième jour : distribution du courrier… bien emballé !
J’arrive en même temps que le facteur, et je prends l’ascenseur avec lui. Son sac est rempli de colis, qu’il dépose à l’accueil en entrant : ces paquets sont tous (sur)emballés, de même pour les journaux. Lors de notre rendez-vous en salle de réunion, pourtant dépouillée de tout objet superflu, le paper-board et ses feuilles sont en plastique.
Cinquième jour : rendez-vous chez la RRH
J’ai rendez-vous avec la responsable des ressources humaines pour lui donner des documents nécessaires à un remboursement professionnel. Dans son bureau, les étagères sont remplies de documents stockés dans des porte-vues, classés avec des intercalaires ; je baisse les yeux sur mes documents, rangés dans une pochette plastique pour ne pas les abîmer.
Plus la semaine avance, plus je prends conscience de l’omniprésence du plastique dans notre environnement. Protéger et contenir, cela semble être sa fonction principale : pourtant, certains objets n’en ont pas besoin et d’autres solutions existent. Comment réduire cette consommation de plastique ? Que faire des 79% de plastique français qui sont enfouis sous terre ou jetés dans la mer ?
Certaines entreprises ont trouvé le moyen de réduire l’impact environnemental des déchets plastiques inévitables au bureau. C’est le cas, par exemple, de la société Elise, qui propose de recycler le papier, les bouteilles et gobelets, les cannettes en métal, les piles, les cartouches, le mobilier de bureau, les déchets d’équipement électriques et électroniques et les lampes.
La loi devient de plus en plus rigoureuse à ce sujet : bannissement des sacs à usage unique en caisse, projet d’interdiction des pailles… À raison ! L’enjeu environnemental est fort et les solutions qui existent sont faciles à mettre en place. Il faut certainement changer quelques habitudes simples : bannir les gobelets et investir dans de la vaisselle, y compris des tasses est, certes, un investissement, mais celui-ci est rentabilisé durablement. Selon une étude du Forum économique mondial et de la fondation Ellen McArthur, en 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans nos océans… Il est grand temps d’enrayer ce processus.