Au début des année 90, près de Lens, un groupe de Ch’tis décide de reprendre sa vie en main pour ne pas se noyer dans le chômage. Ensemble, ils monteront en 1995 Main Forte, une entreprise d’insertion par le transport routier. 23 ans plus tard, l’entreprise peut se targuer d’avoir offert une réinsertion professionnelle à plus de 1200 personnes.
Ne pas attendre d’être embauché pour travailler. À l’origine de Main Forte, un groupement de chômeurs du nord de la France. Ils se sont unis pour donner naissance à l’association Droit au Travail. Un moyen d’aider les « laissés-pour-compte ». De leur prêter une oreille attentive à un moment de leur vie où la société, les sociétés, ne les regardent plus.
Né, semble-t-il, avec la fibre entrepreneuriale, le fondateur de l’association décide par la suite, de créer une véritable structure d’entreprise de transports routiers. Son but ? Générer des parcours d’insertion. Seules conditions pour se faire embaucher : avoir son permis B et être au chômage.
« On recrute des profils éloignés de l’emploi. Des personnes restées sur le bord de la route, qui font souvent peur aux recruteurs. »
Une action utile qui a depuis permis à plus de 1 200 personnes de retirer l’étiquette « en marge de la société ». Ces dernières ont en effet retrouvé la voie de la réinsertion. « On recrute des profils éloignés de l’emploi, des personnes restées sur le bord de la route, qui font souvent peur aux recruteurs. Leur faisant confiance, nous les replaçons dans un vrai cadre professionnel », souligne Elisabeth Dargent. Cette dernière a rejoint Main Forte 11 ans plus tôt et en est désormais la directrice.
Et la Directrice n’est pas dupe : les entreprises françaises n’aiment pas les chômeurs. « Il arrive que l’on recrute une personne, qu’on la forme, et qu’un jour, elle nous quitte précipitamment pour un contrat ailleurs. Le fait d’avoir été embauché rassure les employeurs. C’est plus séduisant. Mais, si on veut lutter contre le chômage, il faut être plus ouverts, prendre plus de risque ».
Un Engagement sociétal récompensé
Pour récompenser la démarche de Main Forte, le cabinet EY lui a d’ailleurs remis en 2017 le Prix de l’Engagement Sociétal pour la Région Nord-de-France à l’occasion de son désormais célèbre Prix de l’Entrepreneur de l’Année. « J’ai eu de nombreuses réactions positives suite au Prix. Cela m’a également permis de rencontrer d’autres entrepreneurs de la région pour développer notre réseau. C’était une belle aventure », se souvient Elisabeth Dargent.
Avec plus d’une centaine de d’insertions par an, Main Forte compte bien poursuivre sur cette lancée en ouvrant de nouveaux sites sur d’autres territoires. « C’est l’avenir. Je reste persuadée que la responsabilité sociale des entreprises va se développer », conclut-elle.