Avec sa plateforme Saas, Pitchy permet aux entreprises de créer leurs vidéos en interne, sans compétences particulières, à partir de templates. Une idée qui a déjà attiré l’attention de plus d’un tiers du CAC 40. Entretien avec son fondateur, Lionel Chouraqui.
Julie Galeski : Vous « démocratisez la vidéo d’entreprise », ça ressemble à une problématique que vous avez rencontrée dans une autre vie ?
Lionel Chouraqui : Exactement. Pitchy est née d’un besoin d’entrepreneurs. Avec mon frère Benjamin, on a voulu créer des vidéos il y a 4 ans car c’est devenu un média indispensable pour communiquer. Selon le PDG de Cisco, les vidéos vont représenter 90% des échanges sur Internet d’ici 2020. Le problème, c’est que ça coûte très cher, ça demande des compétences et c’est long à réaliser. On a donc voulu dépasser ce triple obstacle.
J.G : Aujourd’hui vous travaillez avec des grands groupes. Comment avez-vous réussi à convaincre des géants qui sont généralement inaccessibles pour de jeunes startups ?
L.C : On a bénéficié d’un véritable coup de boost malgré nous. Notre premier client n’était autre qu’Emmanuel Macron ! C’était fin 2014, lorsqu’il était Ministre de l’Économie et des Finances. On venait de se lancer et Bercy nous a appelés pour réaliser les vœux d’Emmanuel Macron. Pour eux, c’était symbolique de travailler avec une startup. Pour nous, c’était inattendu et ça nous a offert une belle visibilité.
J.G : Suite à cet épisode, les entreprises du CAC 40 vous ont repérés ?
L.C : Il faut croire ! Aujourd’hui, on travaille avec plus d’un tiers du CAC. Des géants comme Total, Orange ou Saint-Gobain nous font confiance. Et 95% de nos clients restent des grands groupes. C’est plutôt encourageant.
J.G : Monter son busines en espérant atteindre cette catégorie d’entreprise, ça sonne comme un pari risqué pour une startup ?
L.C : C’est amusant parce qu’on n’avait absolument pas monté notre modèle économique là-dessus. Au démarrage, on a créé Pitchy pour apporter un service innovant à toutes les petites boîtes qui n’ont pas forcément les moyens de passer par des agences pour réaliser des vidéos. Sauf que ces petites structures ne sont pas amenées à faire des vidéos en récurrence. Elles font une vidéo de présentation, puis elles la gardent un certain temps. Au sein des grands groupes c’est complètement différent. Ils ont des budgets colossaux avec des besoins récurrents…
« Aujourd’hui, on travaille avec plus d’un tiers du CAC 40 »
J.G : Mais eux n’ont pas nécessairement besoin de penser à réduire leurs coûts…
L.C : C’est toujours plus intelligent pour une entreprise de pouvoir créer des vidéos 10 fois moins chères et 50 fois plus vite.
J.G : C’est votre promesse ?
L.C : Absolument. Avant, les grandes entreprises pouvaient se permettre de produire une belle vidéo tous les 3 ans avec un budget de 10 000 euros. Aujourd’hui, une vidéo ne reste en ligne que quelques heures, quelques semaines pour les meilleures. Donc la répartition du budget doit être différente pour permettre aux entreprises de sortir beaucoup plus de vidéos en très peu de temps.
J.G : Vous n’avez pas de concurrents ?
L.C : Nous en avons repéré un, mais aux États-Unis. D’ailleurs, il vient de lever 67 millions de dollars ce qui veut dire que les investisseurs croient en cette idée. C’est une bonne nouvelle pour nous.
J.G : À terme, vous souhaitez aller les challenger Outre-Atlantique ?
L.C : Pas pour l’instant. On est les premiers en France sur ce créneau. C’est une chance d’être précurseur, à nous de rester les meilleurs pour continuer de convaincre nos clients d’utiliser notre solution. La plupart des grands groupes avec lesquels nous travaillons ont une présence européenne ce qui va nous permettre de nous internationaliser vers des pays voisins pour commencer.
J.G : Depuis votre lancement en décembre 2013, vous avez doublé votre chiffre d’affaires tous les ans et recruté une trentaine de « pitchounes » comme vous les appelez. Vous avez été soutenus ?
L.C : On a été soutenus par Bpifrance, qui continue de nous accompagner encore aujourd’hui d’ailleurs. Quand on s’est lancés, on a bénéficié d’une aide à l’innovation pour développer notre techno. Ils ont aussi intégré notre capital et nous, on a rejoint la promotion 2017-2018 du Hub. Ce qui est agréable avec Bpifrance, c’est que les interlocuteurs comprennent parfaitement nos métiers. Et ça, c’est essentiel pour se faire accompagner correctement.