Inspirée par son aventure au sein d’une startup, Edwina Girard s’est lancé un pari fou : celui de transformer la réalité en une fiction moderne bien ficelée. Alors, reconnaîtrez-vous vos collègues dans l’open space ?
Widoobiz : Plus qu’un synopsis, en mode start-up, c’est quoi le pitch de la pièce ?
Edwina Girard : En mode start-up c’est : Les 4 salariés de Gi-Solution ont bossé comme des dingues sur un projet tech et le fondateur de cette startup se barre avec les 30 millions de la vente alors qu’il était censé filer des parts. Heureusement, il y a un moyen (pas très honnête) de récupérer de l’argent ! Inspiré de faits réel et de quelques vraies vannes de bureau !
W : Vous jouez à Station F auprès d’un public averti, quid des réactions du grand public au Festival d’Avignon ?
E.G : Je n’ai pas écrit Start-up uniquement pour les Start-uppers. On est tout de même pris dans l’intrigue si on ne connait pas cet univers. Les personnages eux sont populaires. On a tous connu un comptable pas très rigolo, une perchée vegan de la com, un geek, un commercial qui vendrait sa mère… Ça peut faire cliché oui, mais ils ne sont pas que ça dans la pièce. Au festival, on avait dans le public des retraités avignonnais qui passaient un bon moment même s’ils n’étaient pas familiers avec le terme « fonds d’investissement » et que « Trello et Slack » sont pour eux des rappeurs à la mode !
W : Tu dirais que c’est une pièce militante ?
E.G : Je ne compte pas refaire le monde avec ma pièce ! (rires). Mais quelque-part à mon échelle je suis militante sur le fait de « kiffer son taf pour kiffer sa life » comme le dit notre chanson finale oui. Ça me fait franchement de la peine quand je vois des gens qui ne s’éclatent pas au boulot. Je suis aussi militante sur le sujet de l’entrepreneuriat. Quand on a une idée et qu’on y croit il faut tenter ! On voit des start-ups lever des millions avec parfois des idées très simples.
W : Toi qui as connu une expérience en start-up, qu’est ce qui est véridique dans la pièce ?
E.G : Ce qui est vrai c’est que j’ai connu une team hyper motivée, avec des super profils complémentaires et c’est ça qui a fait notre succès, et on se vannait beaucoup, comme dans la pièce ! Le commercial marseillais est une personne qui a vraiment existé. Et l’histoire d’amour aussi a vraiment existé. Ce qui est compliqué c’est que je ne peux pas dévoiler la fin mais elle est en partie vraie aussi.. TEASINNNGGG !!
W : Et qu’est ce qui est exagéré ?
E.G : Malheureusement, je n’ai jamais gagné 1 million d’euros contrairement à l’accroche de la pièce ! La situation de ce mec bizarre qui débarque dans les bureaux est exagérée, on utilise parfois l’absurde ou l’exagération pour faire passer un message ou faire sourire le public.
W : Selon toi, quelle est la punchline que le public n’oubliera pas ?
E.G : Ils vont forcément repartir de la pièce avec notre STICKY SONG « START-UP » dans la tête ! Certains me disent que 1 semaine après ils l’ont encore dans la tête ! Certains veulent faire la chanson de l’été, moi c’est la chanson de l’open space !
W : Tu penses que monter une pièce c’est plus galère que lancer une startup ?
E.G : Ça se vaut ! Des doutes, des égos à gérer, et on ne compte surtout pas ses heures ! Le choix de la team se fait sur des critères similaires, sauf que pour la pièce il y avait une deadline à respecter. Il fallait aller vite et tout construire en quelques mois, j’ai dû recruter 7 personnes en 1 mois. Mais les objectifs ne sont pas les mêmes, quand on monte une start-up on le fait pour le plaisir mais aussi pour l’argent. Alors qu’une pièce de théâtre non subventionnée, il y a peu de chances de faire beaucoup d’argent avec ! Mais c’est mon truc !
W : Le jour où tu remporteras un Molière, quel sera ton discours ?
E.G : START-UP n’est pas une pièce à Molière. Mais je prépare doucement un « drame 2.0 », et si je gagne un Molière avec ça, je ferai simplement un gros big up à mon Grand oncle Marcel qui a écrit ceci à ma grand-mère après m’avoir vue (je n’avais que 6 mois ) : « Votre petite fille est douée pour devenir une star, un as, une étoile dans le domaine du théâtre, du film, et de ces représentations où ont subitement nés tant d’adorés », c’était en 1984. Mais soyons honnête, c’est juste une phrase qui me motive ! C’est drôle qu’il ait dit cela sachant que personne de ma famille n’était branché théâtre.
W : Pour finir, tu as un chouchou chez les patrons ?
E.G : Mon millionnaire préféré ? Mon ancien patron ! Julien Leroy, qui a monté une start-up partant de rien et qui était très bon manager. Xavier Niel évidemment force le respect, il ne cesse d’entreprendre. Pas pour rien que je déboule chez Station F.