Le monde de l’entreprise a-t-il tant évolué depuis 50 ans ? En 1967, certaines entreprises se préoccupaient déjà du bien-être au travail. Pour analyser ce décalage, nous avons décidé de confronter la vision de Patrick Nottin, co-fondateur de Nouvelles Frontières en 1967 avec celle de Thibault Taupin, jeune entrepreneur, co-fondateur de Tracktl.
Il y a 50 ans pour devenir patron d’une entreprise, il fallait souvent gravir les échelons internes pour accéder aux postes à haute responsabilité. Très peu se lançaient avec juste l’idée d’entreprendre. C’est pourtant ce qu’a fait Patrick Nottin, co-fondateur de Nouvelles Frontières, le premier tour opérateur français créé en 1967. « Si tu as une idée, le principe pour monter ton entreprise c’est d’abord d’être capable de gagner de l’argent. Pour cela il faut créer un potentiel pour les clients tout en gérant la communication, mais il faut aussi s’occuper du marketing et du commercial pour que ça fonctionne.»
Diriger une entreprise : la même aventure qu’il y’a 50 ans
50 ans plus tard, c’est avec cette même ambition que Thibault Taupin crée son entreprise en 2013, un service de musique interactif pour des lieux événementiels. À vrai dire, au cours de ses études, il avait déjà à l’esprit l’idée d’entreprendre. C’est lors d’un voyage au Vietnam, qu’il crée sa startup avec deux amis, comme Patrick Nottin en 1967. « Il faut se familiariser avec l’entrepreneuriat et s’entourer des bonnes personnes pour réussir en tant que jeune entrepreneur », confie Thibault Taupin.
Que l’on soit en 1967 ou en 2017, après avoir validé le business model et la proposition de valeur, il faut rapidement embaucher. Ensuite, vient la distribution de responsabilités. Et cela peut devenir compliqué.
Quelque soit le secteur ou le modèle de société, la hiérarchie est présente, bien que plus ou moins pyramidale. Pour le co-fondateur de Nouvelles Frontières, il y a 50 ans, la hiérarchie était marquée. En fonction du type d’entreprise, il existait tout de même des nuances. Par exemple, dans les petites entreprises, l’accès au patron était simple et direct.
« Il n’y avait pas de familiarité comme aujourd’hui mais on commençait déjà à se tutoyer .» En 2017, on retrouve dans certaines entreprises la « cool » attitude. Pourtant,Thibault Taupin préfère nuancer : « Il y a tout de même une barrière hiérarchique invisible qui nous invite à rester professionnel. D’ailleurs, le point négatif quand on est son propre patron, c’est cette barrière que tu dois fixer avec tes salariés.»
La hiérarchie est donc autant présente aujourd’hui qu’en 1967, mais semble plus implicite. Thibault Taupin nous partage le fait qu’il y a « une séparation qui s’établit naturellement, même si tu mets une ambiance cool, tu ne peux pas vraiment être pote avec ton boss.»
Le bien être du salarié une idée neuve?
Depuis quand le patron doit-il se préoccuper du bien être de ses salariés ? Dans les années 70, le syndicat, interlocuteur incontournable entre le chef d’entreprise et les salariés, impose sa conception de ce que doit être un cadre de travail acceptable. Mais quels bénéfices retirerait un patron en instaurant un cadre agréable de travail pour ses employés ?
Patrick Nottin partage son expérience. À son époque: 39h par semaine, 4 semaines de congés, et des petits bureaux. « On en avait fini avec les uniformes, mais le port de la cravate et de la chemise était obligatoire pour un cadre » livre l’ancien entrepreneur. Mais le bien être de ses employés était déjà un enjeu. Le patron avait décidé d’aménager une journée libre par mois pour permettre à ses salariés d’avoir une activité culturelle en plus de leurs congés.
Chez Tracktl, « chacun a son ordinateur personnel, il existe une salle de sieste, on a une personne à temps plein qui fait en sorte que tout se passe pour le mieux pour chacun. Et tous les jeudis on va boire une bière ensemble. C’est la responsabilité du leader de se préoccuper de la façon dont les gens peuvent exercer leur travail ».
Un monde du travail où l’on s’épanouit ?
Quant aux conditions de travail, elles semblent avoir considérablement évolué depuis 50 ans : apparition de nouveaux espaces de travail de type coworking, transformation des bureaux en open space, naissance des hacker-houses ces maisons d’innovation dans lesquelles habitent et travaillent ensemble des développeurs, ingénieurs ou des designers.
Pour Thibault Taupin, « Les nouvelles générations accordent beaucoup moins d’importance au travail et plus à leur vie personnelle. Et les gens ne sont pas moins performants. Bien au contraire ! »
Pour attirer les jeunes talents les entreprises n’hésitent donc pas à créer des espaces conviviaux avec des salles de repos ou même une table de ping pong. La nouvelle génération est bien consciente qu’elle ne passera plus la totalité de sa vie dans la même entreprise. Mieux, elle aura plusieurs vies…
Constance Wybo