En plus de produire des montres de très haute qualité, Akrone est devenu au fil du temps un spécialiste du financement participatif sur Kickstarter.
Widoobiz : Alors vous, Akrone, votre spécialité, en plus des montres, c’est le financement participatif…
Erwan Kerneur : Je ne sais pas si l’on peut se donner ce qualificatif, mais c’est vrai que les dernières campagnes Kickstarter nous ont plutôt bien réussi.
W : Pour votre série de montres Vipère, vous avez vendu l’ensemble du lot en 7 minutes à peine sur votre site internet !
Erwan Kerneur : C’est une série un peu spéciale. La certification Vipère assure que le mouvement de la montre est « chronomètre ». C’est un mécanisme très difficile à mettre en place. Aujourd’hui, il n’y a que trois instituts au monde qui font ça. Beaucoup de marques s’y sont d’ailleurs cassées les dents. Donc, oui, on se gargarise un peu de ce résultat (rires). Mais, comme c’est une édition spéciale et un truc de passionnés, on n’en a pas trop parlé.
[Tweet « Trois heures après le lancement, nous avions même doublé les objectifs #Kickstarter »]
W : Il y a aussi cette campagne Kickstarter réalisée en septembre où vous avez cartonnée
Erwan Kerneur : On avait fixé la barre à 50 000 euros. C’était vraiment le minimum syndical pour lancer notre produit. En 15 minutes, nous avions atteint nos objectifs sur Kickstarter. Trois heures après le lancement, nous les avions même doublés. À la fin des 30 jours, nous avons fini à 171 000 €. L’autre conséquence chouette, c’est que la campagne nous a apporté un report de commandes de 30 000€ sur notre site.
W : C’est pas très long pourtant une campagne de 30 jours ?
Erwan Kerneur : Je pense que la durée d’une campagne ne doit pas être trop longue. Moi, si je devais la refaire, je raccourcirais un peu le délai. Il y a toujours un moment de flottement au milieu avant que ça reprenne à la fin. Je pense que 20 jours, c’est bien.
W : Comment on réussit une campagne de financement participatif ?
Erwan Kerneur : Ce qui est important, c’est vraiment la préparation. Vous devez avoir créé votre propre communauté. Toutes les personnes que j’ai vu échouer n’en avaient pas. Il faut savoir faire monter la sauce juste avant le lancement pour que le jour J, tu puisses avoir un premier « jump » significatif. Nous, on savait déjà à peu près le nombre de commandes qu’on allait faire au début.
W : Ce qui vous permet d’être mis en avant par la plateforme…
Erwan Kerneur : Si t’exploses les compteurs dès le départ, la plateforme va très vite te mettre en avant. Ce qui va t’aider à toucher une nouvelle clientèle. Nous, par exemple, on a eu 30 % de clients étrangers. Jamais, on n’aurait pu les avoir sans Kickstarter.
W : Il y a aujourd’hui pleins de plateformes qui fonctionnent. Pourquoi choisir Kickstarter ?
Erwan Kerneur : Personnellement, je pense qu’elle pourrait faire bien mieux en termes d’ergonomie du site et de suivi des projets. Par contre, un truc est indéniable : sur Kickstarter, les montants moyens obtenus sont 10 fois plus élevés que sur n’importe quelle autre plateforme. On est visible en France, en Europe et dans le monde.
W : Maintenant que ces campagnes sont achevées, quels sont les enjeux d’Akrone pour 2017 ?
Erwan Kerneur : Jusqu’à maintenant, on a développé un modèle par an. Maintenant, on va essayer d’accélérer et de lancer trois nouveaux modèles par an. C’est ce qui explique l’arrivée de Christophe Courtin dans l’aventure.
W : Il vient d’acquérir 25% d’Akrone à travers son fonds Courtin Investment,. Qu’est-ce qu’il va vous apporter ?
Erwan Kerneur : Déjà son réseau est immense. Mais, il nous partage aussi beaucoup de son expérience. Par exemple, il nous conseille de bien consolider le marché français. On n’est pas encore assez fort pour mettre 100 000€ sur la table afin de conquérir un marché. Sa pensée nous aide à nous structurer. Quand tu veux commencer à dépasser un cap, c’est bien d’être accompagné par un mec qui a l’expérience. Après, ce qui est génial, c’est qu’il nous laisse totalement libre de nos choix. C’est vraiment top.
W : Et Akrone dans un point de vente, c’est une priorité ou non ?
Erwan Kerneur : Rien n’est jamais vraiment fermé, mais pour le moment on veut se concentrer sur internet. Notre modèle aujourd’hui, c’est la marque anglaise Christopher Ward. Ils ne vendent que sur le net et génèrent 12M€ de chiffre d’affaires. En tout, ça fait tout de même 20 000 montres vendues par an. Avec ce modèle économique, ils s’en sortent très bien.
W : Donc, on vous verra jamais chez Colette ?
Erwan Kerneur : C’est chouette quand tu es chez Colette. Ça booste ton image. Mais, est-ce que c’est vraiment utile pour nous. C’est pas sûr. Il faut savoir qu’en boutique, il y a un coefficient de marge de 2 à 3. On préfère la contrôler nous-même.
W : Ça va ressembler à quoi les nouveaux modèles Akrone en 2017 ?
Erwan Kerneur : Pour l’un des trois modèles, on s’est associé avec un pilote d’hélicoptère, un ancien des forces spéciales. On a inventé tout un univers, avec notamment un 2e fuseau horaire. C’est très important quand on se présente comme une marque premium d’être capable de raconter de nouvelles histoires.
W : Et le BtoB, ça pourrait devenir une source de revenu ?
Erwan Kerneur : Ça peut en devenir un business. C’est un sillon qu’on est en train de creuser. Mais, rien n’est assez avancé pour pouvoir en parler maintenant (sourires).