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Le palmarès Technology Fast 50 qui récompense les entreprises technologiques les plus performantes de France a récemment dévoilé son classement 2016. Avec un taux de croissance moyen de 1 280% entre 2012 et 2015, les 50 lauréats affichent une nouvelle fois des chiffres particulièrement impressionnants.
Première du palmarès en 2015 avec un taux de croissance de 4068% sur 4 ans, SlimPay se retrouve une nouvelle fois dans le haut du classement à la 11ème place. Jérome Traisnel, CEO de SlimPay revient sur cette ascension et partage aux entrepreneurs la clef de sa réussite.
Vous êtes arrivé en tête du Palmares Fast 50 de Deloitte l’année dernière grâce à votre croissance de 4068% sur 4 ans. Quelles ont été les retombées pour SlimPay ?
Cette récompense a engendré de nombreuses retombées, notamment sur notre site web qui a vu sa fréquentation augmenter de 60% dans le mois qui a suivi l’annonce. On a également eu 2 fois plus d’appels entrants de prospects ce qui démontre bien la notoriété de ce classement. Il nous a apporté énormément de visibilité et c’est ce qu’il y a de plus compliqué à obtenir pour une startup, peut être plus que le financement qui, si vous avez un bon business model, arrivera naturellement.
Vos chiffres feraient rêver plus d’un entrepreneur. Quelle est la clef pour arriver à faire autant de croissance ?
Pour faire beaucoup de croissance, il faut déjà partir de très bas. Ensuite, tout est une question de business model, et d’investissements effectués au bon moment, notamment en termes de ressources humaines. Chez SlimPay, nous avons quasiment doublé nos effectifs et aujourd’hui nous sommes 70.
Vous proposez aux sites marchands une « solution simplifiée de prélèvement automatique »…Vous ne trouvez pas qu’il existe déjà beaucoup d’acteurs sur ce marché ?
Il y a en effet énormément de solutions de paiement, même trop. Nous nous différencions néanmoins très clairement d’acteurs type PayPal ou du prélèvement bancaire classique. Nous avons choisi un écosystème très ciblé, celui de la monétisation d’abonnements. Aujourd’hui, nous observons une évolution profonde dans les habitudes de consommation : on n’achète plus, on loue ou on s’abonne. Nous sommes en train de passer d’une économie de la possession à une économie de l’usage. À quoi bon payer pour posséder une paire de lunettes si on peut la louer et en changer régulièrement par exemple ? Avec notre solution, le consommateur va payer en fonction de l’usage, sans s’engager. Il y a donc en plus, un esprit de totale liberté.
Comment envisagez-vous la suite pour SlimPay ?
Notre objectif est d’asseoir notre leadership en Europe sur le marché de la monétisation d’abonnements avant d’aller ailleurs. C’est en faisant les choses étape par étape que l’entreprise grandit. On commence également à regarder du côté des États-Unis avec l’ouverture d’un bureau à San Francisco. On va s’y lancer progressivement avec pour objectif de transmettre aux marchands américains qui commercialisent leurs produits ou services en Europe l’idée de proposer une solution de paiement récurrent adaptée aux à nos pratiques des consommateurs de ce continent.
Vous êtes un bel exemple de réussite, quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs qui se lancent ?
La clef du succès, c’est la structure de l’équipe. L’idée importe peu. Un projet peut s’adapter en fonction du marché c’est ce que l’on appelle le pivoting, alors qu’une équipe, c’est inchangeable. Je suis moi-même mentor et investisseur au sein du fonds ISAI et c’est ce que je répète aux entrepreneurs que je rencontre.
L’écoute du marché est également un point très important. Le CEO doit rester le premier vendeur à l’écoute du client pour coller à la demande. C’est bien d’être convaincu qu’une idée est bonne, mais ça ne marchera pas si en face il n’y a pas un besoin. En ce moment on parle beaucoup de la blockchain par exemple. C’est une technologie formidable et extrêmement intéressante en termes d’innovation. Mais à l’heure actuelle, je ne suis pas sûr qu’on puisse en faire un business. Il ne faut pas oublier qu’une entreprise technologique est avant tout une entreprise et non uniquement un centre de R&D, au risque de ne pas être en mesure de générer un chiffre d’affaires.
Le dernier point sur lequel il faut être attentif est le « time to market ». J’ai moi-même essuyé auparavant des échecs directement liés à ce paramètre et qui m’ont servi de leçon. Avant de se lancer, il faut absolument s’assurer que l’innovation technologique n’est pas trop en avance par rapport au marché qui ne saurait gérer sa complexité ou son coût : c’est ce qui a d’ailleurs été mon cas avec ma précédente entreprise. Le problème inverse est tout aussi important : il faut s’assurer de ne pas arriver sur le marché trop tard, avec de nombreux acteurs qui détiennent une technologie déjà plus avancée que la vôtre.
Propos recueillis par Julie Galeski