L’été 2016 a été dur pour les startups françaises. Fondateur de la startup TheTops, Vincent Redrado fait le bilan avec nous.
Toutes les histoires ne finissent pas bien. Malgré un beau succès d’estime, TheTops a été obligé de trouver un repreneur pour continuer à vivre. Un crève-cœur pour le fondateur Vincent Redrado, même s’il ne regrette pas une seconde de s’être lancé dans cette aventure. Après avoir suivi un procédé en liquidation, l’activité va désormais poursuivre sa vie avec un repreneur. L’entrepreneur accepte de nous dire ce qu’il retient de toute son aventure.
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« On a pensé « croissance » et pas assez « gestion » »
TheTops a très rapidement levé des fonds. C’est à la fois une chance et un fardeau pour l’entreprise. « Notre site n’était même pas lancé que nous levions 1 million d’euros. Du coup, on ne savait plus trop sur quoi on devait investir en priorité », explique Vincent Redrado. Après coup, « on aurait dû se mettre tout de suite en mode gestion », ajoute-t-il. Autrement dit, ne pas structurer l’entreprise tout de suite afin de ne pas gonfler les frais fixe.
« Même si c’est facile de dire ça après, je pense que nous aurions dû y aller au taquet. C’est-à-dire faire progresser le chiffre d’affaires avec deux ou trois personnes. Nous n’avons pas assez prêté attention aux coûts fixes et à la RH. Et, d’un autre côté, on était tellement fiers de pouvoir embaucher des talents », nuance Vincent Redrado.
« Il faut avoir la peau dure »
Quelle épreuve. Le dirigeant a beau être prévenu, la fermeture a été très dure humainement. « Le jour J, j’ai mis 30 minutes à franchir la porte du tribunal. Jusqu’au bout, je me suis posé la question : “mais qu’est-ce que je peux faire de plus“ ». Passer cette porte, c’était accepter la fin de TheTops.
Une défaite d’autant plus difficile à vivre qu’il ne se sent pas soutenu. « Je m’en suis pris plein la gueule. Des gens m’ont tapé dessus et tu ne comprends pas toujours pourquoi », explique Vincent Redrado.
L’entrepreneur ajoute : « Je n’ai jamais eu de souci à ce qu’on puisse me dire qu’il y a des gens meilleurs que moi. En revanche, qu’on m’accuse de ne pas avoir tout donné pour cette boîte. Ça, je ne peux l’accepter ».
Au final, « t’es tout seul », lâche l’entrepreneur.
« On n’avait pas suffisamment de barrières à l’entrée »
Bien sûr, Vincent Redrado n’oublie pas les responsabilités de la société. « Déjà, nous nous sommes lancés sans avoir d’innovation. Nous avions développé une belle marque avec une grande communauté. Mais, nous aurions dû avoir une barrière à l’entrée ».
Les 3 premières années, les produits référencés par TheTops étaient en vente exclusivement sur le site. Mais, ensuite les leaders en e-commerce ont commencé à développer des offres « concept store ». « Nos produits étaient référencés ensuite sur Amazon, La Redoute ou Menlook. On n’a pas pu suivre ».
Pour s’en sortir, TheTops devait investir sur la notoriété de sa marque pour devenir un référent. « Mais, le niveau d’investissement était trop élevé. Tu peux très bien réaliser un CA entre 200 000€ à 1M€, mais il faut être deux ou trois pour le gérer. Nous, nous avions fait le choix d’être plus gros », détaille l’entrepreneur.
« Je n’ai pas assez assumé la vision de l’entreprise »
Vincent Redrado pense ne pas avoir été mauvais pour autant. « Je pense avoir été un bon entrepreneur quand il fallait développer le business, trouver de nouveaux partenariats et fédérer les gens », avance-t-il. En revanche, il estime ne pas avoir « assez assumé la vision de l’entreprise. Elle peut être fausse, mais je pense que j’aurais dû être plus tranchant ou alors mieux la formuler. Trop de choses ont été faites à moitié », analyse l’ancien dirigeant.
« Je reviendrai »
Mais, Vincent Redrado l’assure : « je reviendrai ». L’adrénaline, la liberté d’action, la fierté : autant de sentiments que l’on ne peut pas ressentir en tant que salarié. « Quand je signe un deal, c’est un kiff de fous », assure-t-il avec un sourire. Même si maintenant, je contrôle très bien mes émotions ».
Mais, avant, le startupper a besoin de reprendre un peu de forces. « Je crois que pour mener un projet, il faut avoir de l’énergie. Et là, ce n’est pas le cas. J’ai besoin de couper, de retrouver mes proches et amis que je n’ai pas pu voir comme je le voulais ces quatre dernières années ».
Bonus : ce que je ne ferai plus
Parce qu’il y a toujours une morale à retenir. Pour Vincent Redrado ce sera celle-ci : trouver son équilibre de vie. « Ce n’est pas parce que tu es patron que tu ne peux pas prendre 3 semaines de vacances dans l’année », estime l’ancien startupper.
« Il faut trouver son équation personnelle si l’on veut donner le meilleur de soi-même ».
#Replay : La startup Mober, elle, démarre sa vie de startup. Pour connaître son histoire, regardez ici sa vidéo :