Malgré un palmarès restreint, Johan Cruyff a marqué à jamais le football mondial. Retour sur un homme qui a toujours voulu allier la beauté et l’efficacité.
« Avant de faire une erreur, je m’abstiens ». Johan Cruyff n’était pas connu pour son humilité. Mais, peut-on lui en vouloir ? Toujours en avance, toujours rapide, toujours facile, le joueur hollandais a inventé le « football total », où tout le monde attaque et défend en même temps. Une vision du jeu qu’il a ensuite su imprimer au FC Barcelone en tant que joueur et entraineur. Aujourd’hui encore l’équipe de Messi, Suarez et Neymar garde les principes de jeu du sorcier hollandais.
Une philosophie du jeu offensif qui correspond parfaitement aux enjeux des startups. Retour sur un génie dont devraient s’inspirer les entrepreneurs.
Dans mes équipes, le gardien est le premier attaquant, le buteur est le premier défenseur
Johan Cruyff a cassé les codes. Finis les systèmes compliqués qui enferment les joueurs sur leurs positions. Pour le Hollandais, il faut aller de l’avant. Attention, pas n’importe comment. Il faut un chef d’orchestre. Mais, tout le monde va dans le même sens. Le système est au service du jeu et non l’inverse. « Lorsque l’on joue un match, il est statistiquement établi que les joueurs n’ont le ballon que 3 minutes en moyenne. La question est donc : qu’est-ce qu’on fait au cours des 87 minutes pendant lesquelles on n’a pas le ballon ? C’est ce qui détermine si tu es un bon joueur ou pas ».
Chaque inconvénient a son avantage
Trois de ses meilleurs joueurs sont à l’infirmerie ? Le calendrier ne lui convient pas ? Qu’importe, Johan Cruyff n’aime pas se plaindre. Il profite de ses faiblesses passagères pour faire monter un jeune plein de promesses en équipe pro. Il investit sur l’avenir.
Le plus possible, il essaie de ne pas se laisser dans des considérations court-termistes. La startup doit faire pareil. Ses faiblesses restent des opportunités pour inventer de nouvelles solutions.
Je veux avant tout des individus qui pensent par eux-mêmes
Johan Cruyff est dirigiste. Certains le qualifient même de rigoriste, si ce n’est de tyran. Il organise tout et demande à chacun de faire le maximum sur son champ de compétence. Mais, le Batave ne veut pas non plus des marionnettes. Il se voit comme un chef d’orchestre exigeant, non comme un gourou omniscient.
Ses joueurs doivent être capables de prendre des initiatives et de lire le jeu sans l’aide extérieur. Pourquoi une startup ne fonctionnerait-elle pas de même ? L’entrepreneur qui réussit s’appuie sur des associés, collaborateurs compétents et autonomes.
Pourquoi ne pourrait-on pas battre une équipe plus riche ? Je n’ai jamais vu un sac de billets marquer un but
Le portefeuille ne fait pas tout. Certes, le système des transferts favorise certains clubs, mais le jeu ne disparaît pas. Il suffit de voir Leicester, leader du championnat anglais, malgré la faiblesse (relative) de son budget. Le jeu, toujours le jeu.
À l’époque du grand Cruyff, l’Ajax n’est pas le club le plus riche, mais son système de jeu s’avère le plus innovant. Yoan dirige tout : attaquants, milieux, défenseurs. Il bat également avec une facilité déconcertante l’équipe du Brésil, malgré son palmarès impressionnant.
Encore une fois, reprenons l’exemple des startups. Par exemple, que peut faire Captain Train devant l’immense machine de la SNCF. Et pourtant, l’ingéniosité de sa plateforme éclipse peu à peu le géant ferroviaire.
Un titre, c’est bien ; deux, c’est mieux. Mais à force de porter ses médailles, un héros finit par se fatiguer
Il faut célébrer les victoires, mais chérir les défaites. Ce sont elles qui vous ramènent à votre condition de mortel. Elles vous obligent à vous remettre en question et à reposer les bases du problème. Un exercice auquel n’a jamais dérogé Johan Cruyff, malgré son absence d’humilité. Ce qui lui a permis de rester un grand joueur et entraîneur au fil des années.
Une startup sans défaite ? Cela n’existe pas.
Qu’est-ce que la vitesse ? Les sportifs confondent souvent la vitesse d’action et la vitesse d’analyse. Si je commence ma course avant mon adversaire, c’est parce que j’ai compris ce qui se passait avant lui
Ne jamais confondre vitesse et précipitation. À la manière de Michel Platini, Zidane, Pelé ou Maradona, Johan Cruyff a toujours vu les choses plus vite que ses congénères. Une vitesse d’analyse que Napoléon qualifiait de 6e sens.
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