Les drames familiaux du FN montrent à quel point il est difficile de travailler en famille. Quelques conseils pour réussir à fusionner le boulot et la famille.
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« Il y a un devoir d’exemplarité ». Pour Olivier Barbet-Maillot, PDG d’Abena-Frantex, travailler dans une entreprise familiale demande une exigence particulière. La tragédie n’est jamais loin. Il suffit de voir Lacoste. Bijou national, la marque au crocodile a été vendue à une entreprise suisse. La faute à une mésentente entre l’oncle et la nièce. L’orgueil… C’est pourquoi « il est indispensable de mettre l’humain au centre de l’entreprise », ajoute le dirigeant.
Un objectif qui passe par la définition de règles précises. Quand il rentre dans la société familiale, Olivier Barbet-Maillot prend le poste de Directeur commercial. Son père est le PDG et sa mère gère le Customer Service. « On a tout de suite défini les règles : à lui la production et la logistique ; à moi le marketing et le commercial. Chacun son domaine de compétence », rappelle le dirigeant de la 3e génération.
« Arrêtez de parler affaires »
Des règles qui ne doivent pas cependant empêcher la discussion. Directrice de production de Little Bros Productions, Carole Delalande travaille avec son mari et son beau-frère : « moi je désamorce assez vite les conflits. Si quelque chose ne va pas, je vais en parler tout de suite avec les personnes concernées ». Une réaction ô combien précieuse. Les haines familiales germent toujours sur des non-dits et des vexations. C’est le seul moyen pour garder « ce lien indéfectible », selon l’expression de Carole Delalande.
Les entreprises familiales ont également intérêt à tisser une frontière entre vie privée et vie professionnelle. Un objectif compliqué. « Fatalement, le business revient sur la table », explique Olivier Barbet-Maillot. À Noël, pendant les déjeuners dominicaux, sans oublier les vacances. À tel point que les membres de la famille en dehors de l’entreprise sont parfois obligés de freiner les ardeurs entrepreneuriales. « Eh les deux, arrêtez de parler affaires », pestent gentiment les femmes et enfants.
« Je préfère encore donner l’entreprise à un Directeur général plutôt qu’à mes fils »
« Il y a quelque chose d’indéfectible », ajoute Carole Delalande. Une entreprise familiale condamne ses membres à s’entendre. Pour leur bien, mais aussi pour celui de l’entreprise. Il faut donc savoir sortir la tête de l’eau. « Avec nos enfants en bas âge, nous sommes assez occupés pour ne pas avoir à parler tout le temps boulot ». L’équilibre est naturel.
Et la suite ? Olivier Barbet-Maillot n’y pense pas trop. Ses trois fils sont encore jeunes. « Je leur ai tout de suite dit : faites vos vies. Volez de vos propres ailes. Pour qu’une entreprise familiale fonctionne, il faut que tout le monde donne une partie de son individualité. Sinon, l’entreprise ne s’y retrouve pas. « Je préfère encore donner l’entreprise à un Directeur général plutôt que de la transmettre obligatoirement à mes fils », raconte le dirigeant d’Abena-Frantex.
« L’entreprise doit être plus importante que la filiation et pourtant, je suis de la 3e génération ».