De plus en plus de femmes quittent la Silicon Valley à cause du machisme ambiant. La France ne semble pas faire beaucoup mieux.
Yahoo ! a beau être dirigé par Marissa Mayer, la Silicon Valley ne passe pas pour être un repère de féministes endurcis. La preuve avec Ellen Pao, PDG par intérim du forum Reddit, qui attaque en justice son ancien employeur, le fonds de capital-risque Kleiner Perkins, pour discrimination sexuelle. Elle reproche en particulier à l’entreprise de lui avoir refusé de nombreuses promotions parce qu’elle était une femme.
Malheureusement, ce cas est loin d’être unique. Ingénieur informatique de formation, Ana Redmond était promise à un bel avenir dans la Silicon Valley. Elle codait plus vite que tout le monde à l’époque. Mais 15 ans après, elle a décidé de quitter la Silicon Valley sans jamais avoir atteint une position de manager. Un problème de comportement ? Elle a déménagé plus au nord et a lancé sa propre entreprise. Comme quoi elle voulait gérer une équipe.
Une culture masculine « hostile »
Mais, ça reste un crève-cœur pour Ana Redmond : « c’était comme s’ils étaient en train de me pousser dehors à chaque étape du projet », explique-t-elle au Los Angeles Time. Comme lorsqu’elle a réalisé un algorithme pour permettre à un site de voyage de suggérer les villes et les aéroports au bout de trois lettres. C’était à elle de gérer le projet jusqu’au bout. Mais on lui a dit que c’était aux architectes de prendre le relais. Au final, on l’a remise à ses tâches habituelles.
Une étude de Harvard Business Review datant de 2008 explique que plus de la moitié des femmes travaillant dans la science, l’ingénierie et les nouvelles technologies vont quitter ce secteur d’activité. La faute à une culture masculine « hostile », à un sentiment d’isolation et un manque de visibilité sur la carrière. La mise à jour de cette étude en 2014 n’a pas montré de changement significatif.
Les françaises ne comptent pas se faire marcher sur les pieds
Une tendance qui pourrait se révéler problématique pour l’ensemble de la Silicon Valley. D’après Code.org, les métiers liés à l’informatique vont plus que doubler d’ici à 2020 pour atteindre près d’un million et demi de postes. Or, si les femmes continuent de fuir la Silicon Valley, le microcosme californien va se retrouver en panne sèche de profils hautement qualifiés. Déjà qu’il est difficile de recruter.
Alors, est-ce que les Français sont en mesure d’être de meilleurs élèves ? Difficile à dire, le secteur est en perpétuelle mutation. L’état d’esprit en 2016 va donc probablement évoluer. Quoi qu’il en soit, les entreprises high-tech dirigées par des femmes ont levé 26 millions d’euros en 2014, soit 5% de l’ensemble des fonds levés sur le secteur. Si la parité n’est pas encore de mise, les entrepreneurs françaises high-tech ne comptent pas se faire marcher sur les pieds.
Tancrède Blondé