Sun Tzu, général chinois, a inspiré de nombreux managers avec son premier traité de stratégie, “L’Art de la guerre”. Pour cette première chronique, je souhaitais vous exposer ici la théorie de Juliette Tournand, qui consiste à privilégier l’Art de la paix. Ou comment maintenir un climat de confiance et de stabilité en ayant recours uniquement à la bienveillance.
Cette méthode, décrite dans son ouvrage “La stratégie de la bienveillance”, peut s’appliquer aussi bien dans le domaine du privé que du public. Je m’attarderai ici sur son application dans l’entreprise, en particulier du point de vue du manager.
Les 6 conditions nécessaires de la bienveillance stratégique
L’idée principale est de faire coopérer les talents. En voici les six déclinaisons :
1/ Oser la bienveillance stratégique, c’est-à-dire faire confiance à ses employés
2/ Initier la coopération, leur permettre de s’ouvrir, de montrer leur vraie personnalité
3/ Se projeter vers un avenir commun avec eux
4/ Diversifier les talents et “articuler autour de soi des relations complémentaires”
5/ Renoncer à la relation dominant / dominé et traiter ses collaborateurs sur un pied d’égalité
6/ Oser explorer un territoire neuf et illimité, être ouvert à toute nouvelle idée
Nous avons à chaque fois quatre forces en présence : la bienveillance, la réciprocité, la clarté et la liberté d’innover.
Caractéristiques du manager bienveillant
Le manager bienveillant saura laisser une autonomie à ses employés, créant ainsi une bonne ambiance, un esprit d’équipe. Chacun travaillera dans le respect des autres, motivé par l’envie et la fierté de bien faire. Chaque réussite est mise en valeur, les relations professionnelles et les résultats de l’entreprise forment un cercle vertueux. La relation de réciprocité entre le manager et le collaborateur est bénéfique des deux côtés, le manager y gagne en sérénité et en efficacité. Et Il suscite en parallèle respect et admiration de la part des employés.
En cas de désaccord, les acteurs en présence finissent forcément par coopérer ou chercher une réponse ailleurs. En effet, tous deux confrontent leurs idées, s’écoutent l’un l’autre, prennent du recul et réussissent à trouver une issue favorable de part et d’autre. La réflexion, la discussion permettent d’avancer ainsi vers un avenir commun.
2 exemples de managers bienveillants
Selon moi, il existe déjà beaucoup de managers bienveillants, en voici deux exemples caractéristiques :
Vineet NAYAR, dirigeant indien de la SSII HCL, a su donner la priorité absolue aux employés, bien avant le client et le manager. Il expose ses principes dans un ouvrage très pertinent, “Employees First, Customers Second: Turning Conventional Management Upside Down”. Tout comme le profil du manager décrit par Juliette Tournand, le dirigeant s’engage ici à la plus grande transparence dans ses rapports avec les salariés et à élaborer avec eux un avenir commun. La confiance et le partage d’information sont les clés du succès de l’entreprise.
Jean-François ZOBRIST, Président de la FAVI, m’a particulièrement touché par son témoignage paru en février 2013 dans la revue des Amis de l’Ecole de management de Paris. C’est une véritable belle leçon de management ! Jean-François ZOBRIST a su développer un niveau de confiance hors norme au sein du sous-traitant automobile FAVI. En réduisant les niveaux hiérarchiques, il supprime les postes de contrôle. La pointeuse est supprimée, place à la rentabilité ! La culture FAVI est, pour moi, une source d’inspiration singulière de nos modes de management, privilégiant la confiance au contrôle, accordant toute sa place à l’incertitude comme au » penser à côté « , et alimentant nos croyances en l’homme et en ses formidables capacités d’adaptation.
Quels que soient les exemples de manager bienveillant, l’entreprise est prospère, voire même leader, et les collaborateurs sont épanouis. Telle est pour moi la finalité du management responsable.
Et chez vous, avez-vous testé la stratégie de la bienveillance ?
Bruno Rousset