Derrière le nom du breuvage anisé le plus célèbre au monde se cache un entrepreneur de génie. Retour sur la vision d’un patron encore trop méconnu.
« Pourquoi j’ai fait du pastis ? Et bien parce que je voulais faire de l’art, mais mon père m’a dit que ça ne nourrissait pas son homme », explique-t-il dans une interview. Résultat, il passe de la création visuelle à la création d’entreprises. Bien lui en a pris. Aujourd’hui, la petite société marseillaise est devenue le 2e groupe mondial de vins et spiritueux. Une prouesse qui s’explique avant tout par sa volonté à toujours aller de l’avant.
« Moi je suis bâtisseur, pas gestionnaire »
Sorti du système scolaire en seconde, Paul Ricard rejoint l’entreprise familiale pour faire la comptabilité et livrer des commandes de vins. Très vite, il s’intéresse à la fabrication du pastis, dont la demande explose depuis l’interdiction de l’absinthe en 1915. Après avoir mis au point son propre breuvage en 1932, il convainc les cafetiers marseillais d’acheter son pastis. Le succès est immédiat. Six ans après 3,6 millions de litres de « Ricard » ont été écoulés. Il devient un des hommes les plus riches de France.
« Les hommes sont de braves gens qui ne marchent pas à coup de pied dans le cul »
Bien qu’il ait toujours aimé pousser une « gueulante » quand ça n’allait pas, Paul Ricard a toujours été un humaniste. Tous ses collaborateurs peuvent en attester. Pour lui, la formation par l’exemple a toujours été le meilleur moyen. Et, comme le patron n’admettait pas la médiocrité, ses employés faisaient de même.
« On ne peut se contenter de proclamer qu’un produit est bon. Il faut lui donner une âme »
Moins qu’un produit c’est une histoire qu’il faut raconter à ses consommateurs. À la pointe de l’art de la publicité et du marketing de son époque, Paul Ricard a tout de suite associé sa marque à la ville de Marseille. Son slogan « Ricard, le vrai pastis de Marseille » reste encore aujourd’hui un cas d’école pour les professionnels.
« Moi je suis pour la qualité de la vie et des hommes »
Paul Ricard a toujours été, comme on le disait à l’époque, « un patron social ». Non seulement ses employés étaient bien payés, mais ils disposaient de participations sur les bénéfices et de congés payés à une époque où cela n’était pas une évidence. Pour donner un exemple de son engagement social, il achète l’île de Bendor en 1950 où il emmène tous ses salariés. Le club Med avant qu’il n’existe. En 1961, il emmène toute son équipe à Rome.
Conséquence, toute l’équipe est heureuse de venir travailler et redoublent d’efforts pour le bien de l’entreprise.
« Commander, c’est dialoguer c’est participer. C’est comme l’amour c’est un acte mutuel »
Au final, bien que son personnage ait gardé des aspects « pagnolesque » au cours de sa vie, Paul Ricard était profondément animé par la passion de son produit, de son entreprise et de ces hommes et femmes qui lui ont permis d’aller au bout de lui-même. Un exemple à suivre.
Tancrède Blondé