La monnaie virtuelle la plus controversée vient d’être reconnue par l’Allemagne. Désormais, le bitcoin, qualifié de « monnaie privée » par le pays, est libre d’utilisation.
Virtuellement réel. Le gouvernement fédéral allemand vient d’accorder le statut de « monnaie privée » au bitcoin. Celle-ci pourra, dès à présent, être utilisée légalement dans les « échanges multilatéraux ».
Débarqué sur le Net en 2009, le bitcoin se distingue de toutes les monnaies. Son créateur, un geek anonyme, connu sous le pseudonyme Satoshi Nakatomo, a inventé la première monnaie virtuelle qui échappe à toutes les règles modernes. Pas d’indexation sur aucune monnaie, pas d’intermédiaire dans les échanges et aucune banque centrale pour définir une quelconque politique. En clair, une monnaie libre comme l’air.
Seule sa valeur dépend de ses utilisateurs, basée sur la loi de l’offre et de la demande. Pour s’en procurer, il suffit d’accéder aux sites spécialisés. Pour les plus curieux, la France a son propre « bureau de change virtuel » qui compte 25.000 utilisateurs à ce jour.
Autre avantage de passer par cette monnaie virtuelle, les échanges sont entièrement anonymes et inviolables. De quoi attirer les plus vicieux. Et cette circulation, qualifiée de « souterraine » par certains, est au cœur de débats mouvementés.
Révolutionnaire fou
Bien entendu, le bitcoin ne fait pas l’unanimité. Entre politiques qui accusent la monnaie d’encourager les fuites fiscales, les banques qui encaissent ce nouveau concurrent et les États qui se voient déjà dépourvus de leur souveraineté monétaire. L’affaire est loin d’être dans le sac, virtuel lui aussi.
Pourquoi l’Allemagne a-t-elle alors franchi le cap ? Moins folle qu’elle n’y paraît, la plus grande puissance européenne souhaite soumettre au bitcoin la fiscalité en usage. Grâce au statut de « monnaie privée », l’État pourra prélever une taxe de 25% sur les bénéfices réalisés par la vente de bitcoin.
Les entreprises allemandes seront également prises dans le processus. Leurs transactions en bitcoin ne seront plus libres, elles seront soumises au même taux de TVA. Une nouvelle qui devrait réduire les prestations en bitcoin.
En France, il est encore temps, pour vous entrepreneurs, de faire des affaires avec cette monnaie, aucun projet de la sorte en vue dans l’hexagone. Plus rapide et moins onéreuse que les transactions par carte bancaire sur le web, le bitcoin peut être un atout pour votre société. Mais, il ne faut pas tarder. Son unité maximale s’élève à ce jour à 21 millions, et 11 millions d’unités sont actuellement en circulation. De quoi faire monter rapidement son cours. A vous de voir.
Noëmie Beillon