Acheter Français est aujourd’hui à la mode. Un courant plus coûteux, mais qui préserve l’industrie nationale. Illusion ou réalité, deux économistes se sont penchés sur l’affaire dans une étude relayée par Les Échos.
Un « Made in France » qui coûte cher aux Français. D’après une étude du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), menée par Charlotte Emlinger et Lionel Fontagné, le surcoût potentiel du « fabriqué en France » atteindrait en moyenne 1.270 à 3.770 € par an. Cela se traduit pas une dépense mensuelle de 100 à 300 € par ménage.
« Un quart de notre consommation de biens porte sur des biens en provenance des pays de délocalisation et permet au consommateur final de réaliser des gains de pouvoirs d’achat substantiels », rappelle un des deux économistes. De ce fait, acheter du « made in ailleurs » permet de baisser largement les prix et pèse donc bien moins lourd sur nos comptes que les produits de l’hexagone.
S’appuyant sur des données de 2010, ils relatent les produits les plus concernés, avec en autre « les seuls articles en cuir, les sacs en tête » puis « le petit matériel électrique (10 %), suivi des vêtements (8 %) ». Des biens français qui seraient gage de qualité, mais qui n’engage pourtant pas à une relance industrielle locale.
Préserve l’emploi ?
La question de la rentabilité du « made in France » serait peut-être à revoir selon les économistes. Investir dans un produit local, mais bien plus cher. Pourquoi ? Créer et préserver l’emploi en France revient souvent dans les esprits, mais ne reflète pas la réalité pour autant.
« Sans usines, un pays qui ne produit pas est dans la main de ceux qui produisent », proclamait Arnaud Montebourg, lors de sa promotion « made in France » en marinière. Le ministre mettait en avant la production française et poussait à la consommation avec comme argument « sauvons l’industrie française ». Mais là encore, les économistes partagent leur pessimisme.
« La substitution de produits nationaux aux produits importés augmenterait la dépense sur les produits concernés, ce qui réduirait la consommation de services » expliquent les économistes. En clair, pour amortir le surcoût lié au « Made in France », les consommateurs bouderaient d’autres services.
Pour eux, l’enjeu pour la France repose donc surtout sur sa faculté à rendre ses entreprises attractives, innovantes et compétitives aux yeux du monde. Le but n’étant pas de produire à bat coût, comme en Chine par exemple. L’industrie Française doit se concentrer sur la qualité du produit pour que son prix, lui, soit justifié et que le « Made in France » trouve ses lettres de noblesse.
Noëmie Beillon