Mark Griffiths, professeur de psychologie à l’université de Nottingham Trent et auteur de plusieurs études sur le sujet définit ce qu’est être un drogué du travail.
Comment faire la différence entre travailler beaucoup et être accro au travail ? Comme dans toute addiction, on distingue le « workaholic » du grand travailleur par la sensation de manque éprouvée lorsqu’il ne travaille pas, et sa manière de la gérer.
Une compulsion interne
De même que le toxicomane, la vie du travaillomane s’organise autour de sa drogue. Attention, une forte implication dans le travail n’est pas synonyme d’addiction au travail. Il s’agit plutôt d’un surinvestissement, plutôt mû par une compulsion interne que par des facteurs externes. Pour Mark Griffiths, c’est « le contexte et les conséquences » de l’implication qui permet de faire le distinguo.
Une personne, célibataire par exemple, qui se plait à travailler beaucoup sans que cela cause des conflits avec son entourage ne sera pas considérée comme droguée. En revanche, à charge de travail égale, un quadra marié et père de trois enfants pourra l’être à partir du moment où il y a conflits familiaux pour cela (menace de divorce par exemple) et que son travail est une façon de fuir ces difficultés. Un cercle vicieux.
Un contexte qui favorise l’addiction
Pour Mark Griffiths, « la dépendance au travail est l’addiction du XXIème siècle ». En cause ? « Des facteurs tels que la mondialisation, le développement des nouvelles technologies et l’effritement des frontières entre vie privée et vie professionnelle » selon la psychologue Cécile Shou Andreassen, de l’université de Bergen (Norvège). Travailler tend donc à devenir possible à tout moment et décrocher devient plus difficile.
Le contexte de crise, anxiogène, exacerbe les addictions. Les conséquences de cette dépendance au travail sur la vie personnelle sont, entre autres, l’insomnie, le stress voire le burn-out, relations conflictuelles, problèmes de santé divers…
Il vaut donc peut-être mieux sauver sa peau à temps et oser se confronter aux origines de ce surinvestissement (par exemple, un besoin de reconnaissance important, un besoin d’utilité, perfectionnisme…).