La vague des suicides pour « motif économique » continue en Italie. Afin de soutenir les entrepreneurs, une organisation a mis en place un réseau d’aide psychologique dans plusieurs régions du pays.
Criblé de dettes, le crédit de 100 000 euros qu’Andrea Zampi avait réclamé à la banque lui aurait évité la fermeture de son entreprise. Il a retourné son désespoir contre la « bureaucratie locale » qu’il tenait pour responsable de cet échec. Le 6 mars, il s’est suicidé après avoir tué deux employées de l’administration publique à Pérouse (centre de l’Italie). L’une est morte sur le coup, l’autre quelques temps après son arrivée à l’hôpital.
Impact de la crise, des suicides à la chaîne
Depuis le début de la crise, l’Italie connait une hausse des suicides causés par des difficultés économiques. D’après Guiseppe Bortolussi, secrétaire général du CGIA (syndicat de petits entrepreneurs et d’artisans), le nombre de ces suicides est passé de 118 en 2007 à 187 en 2010. L’année la plus dure a été 2009, l’année de la crise, avec 198 morts.
En récession depuis un an et demi, les mesures d’austérités prises par le gouvernement Monti pour pallier l’endettement italien n’ont pas rassuré les marchés. Et les banques accordent de moins en moins de crédits aux petites et moyennes entreprises.Pour faire face à cette vague de suicides, une organisation, « Entreprises qui résistent » vient de développer un réseau d’aide psychologique dans le pays.
Les entrepreneurs sur le divan
A l’origine de ce projet, Massimo Mazzuchellik, entrepreneur de la province de Varese (nord de l’Italie). Amener les entrepreneurs à se confier leurs difficultés n’est pas simple, souvent ils se sont « faits tout seuls et sont habitués à résoudre leurs problèmes seuls », explique t-il.
Kety Ceolin, psychanalyste en Vénétie (nord-est) participant au projet,remarque que les entrepreneurs ressentent un sentiment de « honte » face à leurs difficultés. Ils n’ont « pas d’espoirs à moyen terme » et ont le « sentiment qu’il n’y a aucun interlocuteur à qui demander une aide concrète ».
L’objectif de cette organisation est de leur permettre de « s’ouvrir » et d’éviter « le risque d’isolement qui amène à des gestes dramatiques », déclare t-elle.