Médias américains espionnés, Twitter attaqué, Google énervé, ça y est la guerre économique est ouvertement déclarée. Pour Eric Schmidt, patron de Google, la Chine est donc le pays étranger espion ou hacker le plus sophistiqué au monde. En filigrane la question est donc posée : comment se protéger face à la cybercriminalité et l’espionnage industriel ?
Jean-François Bianchi, Consultant en communication d’influence, et professeur associé à l’Ecole de Guerre Economique, ainsi que Pierre Picquart, Docteur en Géopolitique à l’Université de Paris-VIII, et « Consultant – Spécialiste » sur la Chine , s’arrête sur le plateau de Widoobiz pour aborder les questions d’intelligence économique et d’espionnage industriel.
Vers un partenariat entre Google et Facebook face à la Chine
Qu’est-ce qui a poussé le patron de Google à tenir de tel propos vis-à-vis de la Chine ? L’entreprise Google, aussi importante soit-elle, peut elle faire plier le géant économique qu’est la chine ?
Une chose est sure, les propos d’Eric Schmidt entrent dans une stratégie plus globale d’influence. Pour Jean-François Bianchi « il s’agit pour le patron de Google d’une possibilité de se faire entendre ou de se faire aider ». En d’autres termes ses attaques sont bien évidemment calculées et visent à faire entendre les arguments du géant du web face au géant économique chinois. Il y voit même un appel aux autres acteurs du web américains pour faire front face aux intérêts chinois. Qui aurait pu imaginer un partenariat entre Facebook et Google ? Parfois, nécessité fait loi.
Espionnage industriel : nous ne sommes pas naïfs !
S’il ne fait aucun doute pour nos experts que la Chine utilise des techniques d’espionnage industriel, il relève que ce pays est loin d’être le seul. « Tous les États cherchent à préserver leurs intérêts et gagner des avantages concurrentiels vis-à-vis des autres pays ».
Pierre Picard estime même que « la Chine n’est pas le pays du monde qui fait le plus de renseignements » estime Pierre Picard. Jean-François Bianchi ajoute que « la Chine n’est pas un cas particulier sur le marché du renseignement et qu’elle vit une période de développement qui exige des moyens particuliers ». En d’autres termes, la Chine, avant de respecter les mêmes règles que la majorité des États, tenterait de prendre un maximum d’avance ou de combler au mieux certains retards technologiques.
Entreprises : la culture du mot de passe ne suffit pas
Si l’on comprend évidemment que les États aient recours à l’espionnage pour protéger leurs intérêts physiques et militaires, l’espionnage des entreprises pose d’autres questions.
Celles-ci manqueraient de culture de la sécurité des données. Nombre de cadres et dirigeants transportent des données essentielles sur leurs ordinateurs portables non protégés par un mot de passe. Un voyage en train, un arrêt au wagon restaurant, et ces données sont parfois dérobées. « Si vous laissez un coffre-fort ouvert dans la rue, les gens se serviront ! » estime Pierre Picard.
Pourtant, un ordinateur, même protégé par un mot de passe n’est pas à l’abri du vol de données. « N’ayons pas la naïveté de croire que nos mots de passe, quelles que soient leurs complexités, résistent très longtemps à une attaque de pirates informatiques » tient à rappeler Jean-François Bianchi. Il ajoute qu’au-delà « de la clé de la serrure, il faut réfléchir à ce qu’on met dans le coffre ».
En fin d’émission nos deux invités abordent également le sujet du transfert de techonlogies vous livrent d’autres conseils pratiques pour protéger vos données. Parfois la simplicité, avec par exemple des informations rédigées sur papier, est la meilleure des protections. Rappelez-vous, la plume est plus sure que la donnée.