24 heures après l’annonce du dépôt du bilan des magasins Virgin Megastore et la sortie de la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, contre Amazon, des dirigeants d’entreprise de e-commerce réagissent.
Alors à qui la faute ? À en croire Aurélie Filipetti, Virgin Megastore peut en vouloir au géant de la distribution en ligne Amazon. Elle accuse même la firme de Jeff Bezos de « concurrence déloyale ». De là à certifier que la société américaine est responsable de la faillite des enseignes Virgin ? Michel Das Neves, fondateur de la société de e-commerce, Ixtem Moto, n’y croit pas. Il rappelle d’ailleurs que « Virgin ne s’est pas du tout adapté aux contraintes du e-commerce ».
« Ils peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes », poursuit l’entrepreneur. « C’est comme si 90% de mes ventes s’effectuaient sur iPhone et que je décidais de ne pas développer mon application Apple », conclut par l’absurde Michel Das Neves. Sur ce point, il s’accorde volontiers avec les panneaux de manifestants présents aujourd’hui dans le magasin des Champs Elysées : « Butler [nom de l’actionnaire principal], assume tes erreurs ».
Sarenza : « totalement scandaleux »
Stéphane Treppoz, président du directoire de Sarenza, pointe également du doigt les « erreurs stratégiques » de la direction dans la débâcle de Virgin. Cependant, il sait bien qu’avec un concurrent « aussi puissant, ça fait forcément mal à un distributeur ». D’autant que, comme le souligne Aurélie Filipetti sur iTélé, ces entreprises « ne sont pas soumises à la même fiscalité que les entreprises localisées physiquement en France ».
En effet, comme d’autres mastodontes de l’internet, Amazon comme Apple ont pris domicile au Luxembourg, au système fiscal bien plus léger (22% au résultat de l’exploitation, contre 33% en France). Tout ça, alors qu’ils agissent sur tout le continent européen. Un état de fait que le dirigeant de Sarenza trouve « totalement scandaleux ». Michel Das Neves juge également que cette situation de distorsion fiscale ne « devrait pas être possible ».
Un prochain texte pour résister à l’optimisation fiscale
Unanimité qui devrait servir la politique du gouvernement. En effet, un rapport sur la fiscalité du numérique devrait arriver sur le bureau de Pierre Moscovici dans le courant du mois de janvier. Avec un objectif simple : trouver des « propositions pour pouvoir lutter contre cette forme de contournement de la législation fiscale », affirme Aurélie Filipetti.
Un problème urgent aux yeux du dirigeant de Sarenza : « il est grand temps que les législateurs regardent ce problème de très très près ». Et, « pourquoi pas, de manière rétroactive » affirme-t-il. Car, entre une fiscalité à 12,5% en Irlande, une autre à 22% au Luxembourg, sans parler de la Belgique et de la Suisse, peu d’entrepreneurs résisteront aux sirènes de l’exil fiscal, avant qu’il ne devienne total.