Six jours après le président de la CCI de Corse du Sud, Jacques Nacer, un autre entrepreneur, Victor Ribeiro, tombe sous les balles anonymes d’un assassin. Deux cas qui ne se limitent malheureusement pas à l’île de beauté.
Triste à dire, mais les raisons de s’en prendre à un entrepreneur ne manque pas : vol, argent, héritage, politique. Basses ambitions… Et le pire, certains meurent pour presque rien. La preuve avec Mohamed Cheguenni, commerçant marseillais âgé de 50 ans, tué vendredi 9 novembre à l’arme blanche lors d’un braquage. Tout ça parce qu’il représentait une caisse, une potentielle cagnotte, prête à être dépensé par des gamins désœuvrés. Et au final, rien de tout cela : des dizaines d’euros et des jeux de grattage.
C’est également pour une question d’argent que Roselyne Lejard a tué son mari entrepreneur, Christophe Lejard. Et pas n’importe comment en instance de divorce, elle engage un « professionnel » avant la fin de la procédure. Un contrat remplie à coup de carabine, à 7 heures, l’heure où il part rejoindre son entreprise et ses employés. Une « prestation » à 15.000 euros dont elle ne verra, heureusement, jamais le retour sur investissement.
Potentielle cagnotte
Plus surprenant, car moins compréhensible, le cas de Bettina Beau, assistante de direction qui tue de trois balles son patron, Philippe Gletty, dirigeant de Princeps. Pour se justifier, elle invoque un « motif professionnel ». En réalité, il s’agit plus d’un mélange de fautes professionnel ou de détournement d’argent. Quoiqu’il en soit, la PME d’une cinquantaine de salarié, spécialisé dans la fabrication et de la pose de menuiseries extérieures en aluminium et en PVC, est obligé pour le moment d’être géré par un administrateur. Destin de toutes entreprises qui se confond avec son dirigeant.
A l’inverse, d’autres entrepreneurs perdent la vie pour des raisons trop simples à comprendre. C’est le cas de Libero Grassi, dirigeant d’une boutique de vêtements à Palerme en Sicile, fauché par trois balles de calibre. Sa faute ? Refuser de payer la « pizzo », impôt obligatoire de la mafia pour bénéficier de sa « protection ». Pire de l’avoir révélé publiquement dans un journal local afin que cesse ce racket. Malheureusement, le courage ne se transmet pas. Aucun de ses collègues chefs d’entreprise ne l’ont suivi. Résultat, huit mois après avoir publié sa tribune, la mafia « s’occupe » de lui.
Cible des mafias
Ce qui nous ramène en Corse et à ses barbouzes, avec l’assassinat de Jacques Nacer, propriétaire d’un magasin de vêtement à Ajaccio. Proche d’Alain Orsoni, ex-dirigeant indépendantiste et aujourd’hui président de l’ACA Ajaccio, il semblerait que l’entrepreneur ait voulu, un temps soit peu, « moraliser » le fonctionnement de la chambre de commerce du sud de la Corse.
Quant à Victor Ribeiro, personne ne sait encore grand chose sur lui. De nationalité portugaise, il dirigeait une entreprise de BTP en haute-corse. Comme Antoine Sollacaro, avocat réputé de l’île, il a été tué au volant de sa voiture dans une station-service. Il était cependant connu des services de police. De là à savoir, si cela a un rapport, l’enquête le dira.
Pour les autres dirigeants, il ne tient qu’à vous de prendre vos précautions.