Pour le cofondateur de Bain Capital et challenger de Barak Obama à la Présidence des États-Unis, l’entrepreneur sera toujours supérieur au gouvernement.
« En Amérique, on célèbre le succès, on ne s’en excuse pas ». Difficile de faire un slogan plus classique. Attention, aux États-Unis seulement. On imagine mal un homme politique français axer sa campagne sur ce type de message. Encore moins en temps de crise et, qui plus est, surtout pas après Nicolas Sarkozy. Mais, en la matière, les États-Unis appartiennent vraiment à un autre monde. Là-bas, Steve Jobs est un Dieu, de la même manière que Thomas Edison, ou encore la dynastie Rockefeller.
Mais, curieusement, les entrepreneurs ont beau être fêtés outre-Atlantique, peu ont franchi le pas de la politique, encore moins celui de la maison blanche. Qui se souvient de Ross Perot, milliardaire texan, qui avait quelque peu perturbé la campagne de 1992 entre Georges H. Bush et Bill Clinton. Assez en tout cas, pour être considéré comme le principal fossoyeur de la présidence du père de W. À part ça, rien ou si peu de la part des entrepreneurs. Étonnant pour ce pays qui représente la Mecque aux yeux de nombre d’entrepreneurs.
« La main invisible du marché bouge toujours plus vite »
Ce qui n’effraie pas le challenger de Barack Obama. D’autant qu’en ces temps de vache maigre économique, Mitt Romney en est sûr : sa carrière de dirigeant d’un fonds de capital-investissement le fera gagner. Expérience qu’il ne cesse de rappeler au gré des meetings et des rencontres : « Je sais ce que c’est que de démarrer une entreprise. De la difficulté à créer quelque chose à partir de rien ». Les entrepreneurs Américains apprécieront, même si la réalité doit rappeler que Bain Capital reste une filiale de Bain & Company, cabinet leader de conseils stratégiques pour entreprises.
Mais qu’importent les détails : aux yeux de Mitt Romney, l’entrepreneuriat reste la meilleure solution pour son pays : «la libre entreprise a plus fait pour sortir les gens de la pauvreté, à construire une forte classe moyenne, à éduquer nos enfants, et améliorer nos vies, que n’importe quels programmes gouvernementaux combinés ». Au final, pour le candidat Républicain, « la main invisible du marché bouge toujours plus vite que la main lourde du gouvernement ». Impensable d’entendre de tels propos dans la bouche de n’importe quel dirigeant Européen, et Français à fortiori.
« Je ne vais pas m’excuser d’avoir eu du succès »
La meilleure, mais sûrement pas la plus facile. Car, pour Mitt Romney, la vie de l’entrepreneur est jalonnée d’échecs, de frustration: « faire des affaires et embaucher consiste, la plupart du temps, à prendre des risques, parfois échouer, parfois réussir, mais toujours à lutter. Entreprendre, c’est rêver à yeux ouverts. Seulement, ça ne marche jamais exactement de la manière dont on l’avait prévu. » Pour illustrer son propos, il reprend même l’exemple de Steve Jobs : « souvenez-vous : il a été viré d’Apple. Il est revenu et il a changé le monde ».
C’est vrai, mais comment : en maximisant les profits par des délocalisations dans les pays à bas coûts. Une méthode qui n’est pas étrangère à celle utilisée par Mitt Romney à la tête de Bain Capital : rachats d’entreprises en difficulté, maximisation de leur valeur, revente avec gros bénéfices pour les actionnaires. Argument pas très vendeur en politique. Mais comme ne cesse de le rappeler le candidat entrepreneur : « Je ne vais pas m’excuser d’avoir eu du succès et je ne vais pas présenter des excuses au nom des États-Unis à l’étranger ». Effets garantis, sur les militants Républicains.
Quant aux démocrates, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la vision entrepreneuriale de Barack Obama