Face aux Pigeons, le mouvement des entrepreneurs Français rencontre des dirigeants de start-up qui ne sont pas d’accord avec la tournure que prend ce mouvement.
Cela n’a pas tardé. Dans le sillage du mouvement des Pigeons qui protestent face à l’augmentation des taxes sur les plus-values réalisées sur les ventes d’actions, bientôt alignés sur le barème de l’impôt sur le revenu, d’autres entrepreneurs ont élevé une voix dissonante. Au premier desquels on retrouve Henri Verdier, co-fondateur de MFG R&D, start-up spécialisée dans le traitement de la big data. Autrement dit, un « start-upper » dans un secteur de croissance
Habitué des administrations et des milieux politiques, il accuse déjà le mouvement des pigeons entrepreneurs d’émaner « d’une poignée de communicants proches de l’UMP (je ne suis pas un adepte de l’outing, donc je vous laisse vous renseigner par vous-même). Argument qui ne semble pas totalement irréel, même s’il est fort peu probable que les plus de 30 000 soutiens Facebook possèdent chacun une carte UMP dans leur portefeuille.
Imprécis
L’important vient après. Selon l’entrepreneur, les Pigeons entrepreneurs posent les bases de son mouvement simple et excessif : « le gouvernement n’aime pas les entrepreneurs » ou même « La France n’aime pas les entrepreneurs ». Or, Henri Verdier rappelle les dispositions prévues dans le projet de loi de finances 2013, très utile pour les PME de croissance : maintien du statut Jeunes entreprise innovante et de l’ISF-PME, élargissement du Crédit Impôt Recherche.
Ce qui amène sur un autre problème : comment arrive-t-on à cette fameuse taxe de 60,5% ? De l’addition de la plus haute tranche à 45% sur le barème de l’impôt sur le revenu, et des 15,5% de cotisations sociales. Autrement dit, sur les parts au-delà de 150.000 euros. Chose qui n’arrive « qu’une fois sur dix » selon les propres mots Jean-David Chamboredon, CEO d’un fonds d’entrepreneur Internet ISAI, pourtant à l’origine de la naissance du mouvement des Pigeons entrepreneurs. Or, les possibilités de détournements fiscales sont légions. Ne serait-ce qu’en adoptant le statut de JEI.
Un discours constructif
Bref, le mouvement des pigeons serait catastrophiste et, pire, imprécis. Comme le dit joyeusement Nicolas Vanbremeersch, CEO de Spintank, sur Twitter « le problème quand t’es entrepreneur, c’est que t’as pas le temps de dégommer les conneries de tes collègues sur la fiscalité.#bonnenuit ». Plus posé, Pierre Lamothe, CEO de PearlTree, rappelle également que « les mesures sont encore à l’état de projet, et que les arguments des oiseaux mériteraient d’être un peu plus équilibrés ».
Enfin, selon Henri Verdier , le mouvement des pigeons entrepreneurs « fonde sa protestation sur de mauvais arguments et de mauvaises méthodes. Le discours sur l’entrepreneur généreux, seul créateur de valeur, qui devrait obtenir tous les privilèges dus à son rang est un discours lassant ». Concrètement, plutôt que de choisir l’anathème, le mouvement des Pigeons entrepreneurs doit formuler un discours constructif et « d’intérêt général ». Le débat est lancé.