L’inventeur de la plus célèbre métaphore économique a posé les bases de l’économie libérale. Mais, aussi important soit son apport à la macroéconomie, la pensée d’Adam Smith sert aussi les entrepreneurs.
La main invisible. Plus qu’un slogan, un concept. En ne l’utilisant qu’une seule fois « dans la richesse des nations », Adam Smith a réussi à toucher une vérité universelle : la recherche du profit personnel contribue, si ce n’est au bonheur, tout du moins à la richesse collective. Autrement dit, le marché est bien une conséquence des échanges individuels qui forme, au final, le tissu économique. Le tout, sans que l’Etat y ait quelque chose à redire.
L’entrepreneur sert donc la collectivité, sans en avoir conscience : « je n’ai jamais vu que ceux qui aspiraient dans leurs entreprises de commerce à travailler pour le bien général, ont fait beaucoup de bonnes choses ». En la matière, l’expérience de l’union Soviétique a prouvé que le penseur écossais avait raison. Cependant, contrairement aux libéraux les plus extrêmes, cette « main invisible » ne se suffit pas à elle-même. L’Etat doit l’orienter par des lois pertinentes.
Repenser à diviser son travail
Concrètement, elle doit faire en sorte que l’intérêt du détenteur de capitaux -l’entrepreneur dans l’esprit de Smith- investisse dans une usine plutôt que dans un champ de pavots. En retour, l’entrepreneur se verra libéré des contraintes administratives (douanes, formalités, impôts trop lourds). Une libéralisation qui agrandit sa zone de chalandise. Comme aujourd’hui, on ne cherche plus à vendre uniquement en France mais en Europe et dans le reste du monde. Ce qui à l’époque oblige le chef d’entreprise à revoir sa méthode de production.
Finie ainsi, l’organisation artisanal qui confectionne du début à la fin son vêtement, sa chaussure, etc… L’entrepreneur doit réorganiser sa production. Avec Smith l’heure est à la division du travail. Phénomène aujourd’hui bien connu des industriels mais qui reste également d’actualité pour tous les entrepreneurs d’aujourd’hui. En particulier, ceux qui ne savent pas déléguer ou tout simplement s’organiser. Bien entendu, le travail du dirigeant ne se résume pas à confectionner des épingles, mais il pourra toujours s’inspirer d’Adam Smith pour aménager sa journée.
Remercier son concurrent
Attention cependant à ne pas trop le suivre à la lettre dans l’organisation de son activité. Une parcellisation excessive des tâches, couplées à une surveillance permanente, réduit considérablement les initiatives. Autrement dit, l’entrepreneur se prive à termes de potentiels réservoirs de productivité. Sans parler des effets du stress qui entravent à la bonne qualité des produits et la santé de vos collaborateurs.
Enfin, l’entrepreneur gardera dans les préceptes de Smith tous les bienfaits de la concurrence. Plus besoin de pester sur le voisin entrepreneur qui a « piqué » des clients grâce à une nouvelle offre. Au contraire, il devrait presque le remercier de le remettre en cause et de le pousser dans ses retranchements. Au final, c’est lui qui le fait progresser. « L’antagonisme fait saillir l’être » disait Victor Hugo. Sur ce point, Adam Smith ne l’aurait pas contredit.