En attendant la création de la banque publique d’investissement, les entrepreneurs continuent à faire des tours de table auprès des investisseurs. Or, ces derniers se plaignent souvent de la légèreté, pour ne pas dire amateurisme, de nombreux patrons de start-ups.
« Je vais réaliser 4 millions de CA et ouvrir des bureaux dans 12 pays »
C’est super ! Montrer de la confiance dans son projet constitue le premier pas vers l’augmentation de capital. Mais, ô Dieu, n’y allez pas trop fort lors de l’entretien. De la confiance à l’arrogance, il n’y a qu’un pas. Surtout quand l’entreprise ne dépasse pas les 12 ou 24 mois d’existence.
Prouvez votre plan économique par des signatures de contrats rentables et inscrits dans la durée. N’oubliez pas que votre interlocuteur cherchera à savoir si votre projet tient plus à votre carnet d’adresses fourni qu’à votre produit.
« J’ai besoin de beaucoup d’argent »
À partir du moment où toutes les dépenses sont justifiées, vous pouvez y aller. Mais attention à ne pas manquer de clarté. Cette phrase seule montre un manque de clarté sur vos besoins de financement. Un peu dommage quand on demande à quelqu’un de mettre de l’argent sur votre tête.
Concrètement, l’entrepreneur détaillera au cours de son entretien les raisons pour lesquelles une telle somme est nécessaire au développement de son entreprise. Évaluez un budget marketing, commercial mais en accord avec la stratégie de développement. L’investisseur doit sentir que le chef d’entreprise sait où il va.
« Les fonds serviront à nous payer »
On n’imagine mal un entrepreneur prononcer réellement cette phrase. Il n’empêche, trop souvent les investisseurs comprennent que les porteurs de projets s’augmenteront dès la levée de fonds terminée.
N’oubliez pas : davantage que vos revenus, cet argent frais servira au développement de l’entreprise.
« Vous avez tort »
Le projet est primordial mais le profil de l’entrepreneur l’est tout autant. Conséquence de quoi, l’investisseur cherchera à cerner la personnalité du dirigeant. Autrement dit, il testera votre capacité à soutenir la pression. Il faut s’y attendre.
Concrètement, gardez un calme à toute épreuve et montrez-vous ouverts aux remontrances éventuelles formulées par vos interlocuteurs. Ils apprécieront votre flegme et, surtout votre capacité d’adaptation.
« Je suis tellement innovant que je n’ai pas de concurrent »
Ce que l’on pourrait appeler le syndrome « Facebook ». Le dirigeant veut tellement l’innovation de son produit qu’il pense, à tort, ne pas avoir de concurrent. » Quand je regarde dix minutes sur Internet et que je trouve trois concurrents directs ou indirects, moi ça me fait peur » explique Laurent de Monestrol, associé chez Capival, cabinet indépendant de corporate finance.
« Je suis maître à bord »
« Un dirigeant ne peut pas être omnipotent » explique Laurent de Monestrol. Un projet, c’est un entrepreneur mais aussi une équipe. D’autant que les investisseurs, « même s’ils ne sont pas là pour diriger l’entreprise, aiment pouvoir échanger sans que cela pose de problèmes d’ego ».
D’ailleurs, la réussite d’une jeune entreprise repose en grande partie sur l’articulation pertinente entre les collaborateurs.
Alors jouez collectif. La levée de nouveau fonds est à ce prix