À 45 ans, l’actionnaire majoritaire d’Iliad et patron de Free possède une fortune estimée autour de 3,6 milliards d’euros. Exceptionnelle, quand on sait qu’il n’est parti de rien. Sa méthode : avoir toujours un coup d’avance.
« La consanguinité des élites est un défaut de la France ». Quand il prend la parole, Xavier Niel ne tergiverse pas. Trait de caractère que le grand public a pu observer lors du lancement des offres mobiles de Free : « si vous ne passez pas chez Free mobile, vous êtes des pigeons ». Une formule qui a fait mouche. La preuve par les chiffres : 274 000 abonnés perdus chez SFR, 379 000 chez Bouygues Télécom, encore plus chez Orange. Conséquence, tout le monde a dû s’aligner sur les offres de Xavier Niel. Le rêve de tout entrepreneur.
Xavier Niel n’en est pas à son premier coup de maitre. À 16 ans, il découvre les premiers minitels et confectionne dans la foulée des sites coquins avec les geeks Français des années 80. Les 3615 DUCUL, messageries érotiques, peep-show et pornographie prolifèrent sur le « Net des années 80 ». Résultat, le jeune entrepreneur gagne beaucoup d’argent très vite. Mais plutôt que de s’asseoir et d’engranger l’argent de poche, Xavier Niel préfère réinvestir.
Borderline…
3617 ANNU, le premier annuaire inversé (si vous avez le numéro, vous retrouverez le nom), sera son deuxième coup de maitre. Car à l’époque, le jeune entrepreneur ne peut encore s’offrir l’intégralité du bottin téléphonique. Mais, France Télécom possède un défaut. Au temps du boitier marron, les trois premières minutes de connexion sont gratuites. Xavier Niel décide alors de récupérer l’ensemble des coordonnées en faisant tourner plusieurs centaines de minitels en même temps. De là naît une profonde inimitié entre « l’opérateur historique et Xavier Niel ».
Avec le tournant des années 90, l’entrepreneur troque ses habits d’étudiant geek pour celui d’homme d’affaires avisé. En 1991, il rachète Fermic Multimédia, société de services de Minitel Rose qu’il rebaptisera Iliad. Nouvelle odyssée en perspective. D’autant que le Minitel montre déjà des signes de faiblesse avec les premiers balbutiements de l’Internet grand public. Et, comme à son habitude, Xavier Niel décide de prendre un coup d’avance.
… Et visionnaire
En 1993, il crée avec son équipe Worldnet, premier fournisseur grand public en France, qu’il revendra 40 millions au groupe Neuf Cégétel. À coté de cette énorme plus-value, l’entrepreneur imagine « societe.com » qui donne les informations essentielles d’une entreprise. Succès garantie. Mais l’essentiel n’est pas là. Peu de temps auparavant, Xavier Niel rencontre Rani Assaf, inventeur du triple play et de la box, outil aujourd’hui aussi indispensable dans un foyer au même titre qu’une télé. La Freebox était née.
Car la voilà la véritable clé de succès de Xavier Niel: une vision, une équipe ultra-compétente au service du collectif, et une volonté insatiable de repousser les limites. Alors aujourd’hui, ce sont les offres mobiles, mais demain ? Ses concurrents peuvent se faire du souci.