Le président de PSA, Philippe Varin, a exposé sa stratégie de réindustrialisation ce matin au micro de RTL. Un plan qui fonctionnera si le gouvernement accepte de faire quelque chose sur les coûts du travail qui pèsent dans les comptes de l’entreprise.
« Pas de licenciements secs ». C’est ce qu’a promis le président du directoire PSA Peugeot-Citroën, Philippe Varin, après l’annonce de la fermeture du site d’Aulnay sous bois. Mais, que l’on ne se trompe : la décision est bel et bien irréversible. « Le groupe est dans une situation où il perd 200 millions d’euros par mois en trésorerie à ses yeux » rappelle-t-il.
Visiblement échaudé par la décision de fermer et les réactions d’Arnaud Montebourg qui ne « voit pas de raisons suffisantes à ce plan », Philippe Varin répond néanmoins qu’il attend « de voir le 25 juillet quel pourra être le plan du gouvernement de soutien à l’ensemble de la filière automobile ». Stratégie qui, à ses yeux, ne devra pas se résumer à une prime à la casse qu’il assimile à du dopage. « Ce n’est pas la solution ».
Alors que faire ? Pour le président du conseil d’administration, il faut que le gouvernement crée « une marge de flexibilité sur le coût du travail ». Car, à la différence de Renault qui installe de plus en plus sa production dans les pays à bas coûts salariaux, Philippe Ravin rappelle que PSA représente « deux tiers de la production automobile en France » et au final, de manière indirecte, « 1 emploi sur 10 en France ».
Ce qui, si le gouvernement exauçait les souhaits de Philippe Varin, contredirait totalement la campagne électorale de François Hollande. Ce dernier ayant axé sa « bataille de la compétitivité » sur l’innovation et non, sur la compétitivité-prix. Mais le chef d’entreprise l’attend également sur ce sujet. » Nous sommes le plus grands déposant de brevets et nous allons le rester » rappelle-t-il. À condition, bien entendu, que le pouvoir socialiste veuille bien l’entendre sur les charges.
En tout cas, la sortie de Philippe Varin renforce un peu la position du Medef, insatisfait du discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault et de la manière dont s’était déroulée la conférence sociale. La négociation sur la compétitivité-emploi et sur la flexibilité du marché du travail ont beau « ne pas être dans l’état d’esprit » du Premier ministre, il y a tout de même de grandes chances qu’elles s’imposent naturellement. Laurence Parisot y compte bien.
De nombreuses nuits blanches en perspective pour Jean-Marc Ayrault.
Tancrède Blondé